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« Avec les APE, nous construisons les services aux citoyens que le gouvernement veut détruire »

12 000 manifestants étaient rassemblés lundi 18 mars pour dire non à la réforme sur les aides à la promotion de l’emploi (APE). Celle-ci menace le monde associatif et les services publics en Wallonie. Deux jours plus tard, c'était la crise au Parlement wallon. Faute de majorité, le gouvernement a dû reporter l’examen de la réforme. « C'est un encouragement pour le mouvement social, la réforme des APE doit être rejetée », estime Germain Mugemangango, le porte-parole du PTB.

Mercredi 20 mars 2019

Menace sur des milliers d'emplois

Les points APE sont un système qui subsidie des emplois dans plusieurs secteurs. Cela représente un budget de plus d’un milliard d’euros et concerne plus de 60 000 emplois en Wallonie et à Bruxelles répartis dans 4 200 entreprises ou institutions. On parle d’emplois dans des crèches, des maisons de repos, des écoles, des centres et clubs sportifs, des hôpitaux, des bibliothèques, des communes et CPAS, dans le secteur de la jeunesse, dans les associations culturelles ou d’éducation permanente, dans les provinces ou encore dans les missions régionales pour l’emploi… Ces secteurs représentent 30 % de l’emploi en Wallonie et sont essentiels dans notre vie de tous les jours.

Une réforme pour rendre le système moins opaque était nécessaire mais la réforme du gouvernement MR-cdH est avant tout une mesure de coupe budgétaire. C’est une conséquence de la logique d’austérité dans laquelle se sont enlisés les derniers gouvernements wallons. Actuellement, le budget des points APE est déterminé d’après les besoins. Avec la réforme, il s’agira d’une enveloppe fermée imperméable à l’éventuelle croissance des besoins des gens et des secteurs concernés. Cette réforme va aussi exclure des secteurs entiers comme les communes et les provinces. Mettant ainsi en jeu les emplois qui y sont actuellement subsidiés.

Disparition ou privatisation de services aux citoyens

Les gens ont pourtant besoin de ces services. Soit cette mesure va provoquer leur disparition aux dépens du citoyen. Soit elle va mener à la privatisation de ces activités et ce sera aussi aux dépens des gens. Par exemple, en 2015, la moitié des emplois des centres culturels wallons et francophones faisaient l’objet d’un subside APE (ou ACS en Région bruxelloise). Les aides APE représentent en moyenne un quart des moyens financiers des centres culturels wallons.

Le ministre Jeholet, qui avance dans ce dossier sans écouter ni le personnel ni les employeurs concernés, a juré plusieurs fois ses grands dieux que cette réforme ne provoquerait pas de perte d’emploi. Et pourtant, dans certains cas, ces pertes sont déjà une certitude. Pour la Régie communale autonome d’Enghien, et singulièrement son centre sportif Nautisport, ça représente par exemple une perte budgétaire de 245 000 euros. Soit 25 % de sa masse salariale. « Avec les APE, nous construisons les services aux citoyens que le gouvernement veut détruire », nous confiait un manifestant lundi dernier.

Cette crainte au niveau des emplois est partagée par le vice-président de l’UNIPSO (Union des entreprises à profit social). Sa crainte est que les moyens diminuent entre la situation actuelle et le moment où les points APE seront transférés à chaque ministère.

Ce gouvernement qui nous dit vouloir créer des emplois, passe surtout son temps à en détruire.

Mise sous tutelle de l'insertion socio-professionnelle

Dans le cortège à Namur, il y avait des travailleurs communaux qui craignent pour leur emploi, des travailleurs sociaux qui craignent pour leurs subsides mais aussi beaucoup de représentants du secteur des CISP, les centres d’insertion socio-professionnelle.

Ces centres qui font leur possible pour accompagner les demandeurs d’emploi dans leur projet professionnel et personnel sont aussi mis sous pression par le gouvernement wallon. Non seulement car ils pourraient perdre leurs emplois APE, mais aussi car ils sont mis sous surveillance financière via un projet de décret qui va rendre la justification de certaines dépenses plus difficile. Pour qu’une dépense soit « éligible » et donc subsidiée, il faudra que le gouvernement juge cette dépense utile. Au-delà de la lourdeur administrative d’une telle démarche, il s’agit bien là d’une mise sous tutelle de ces centres par le gouvernement wallon.

Le gouvernement détruit le service au public

La réforme des CISP obéit aussi à une logique budgétaire mais pas seulement. Actuellement, c’est l’émancipation professionnelle et personnelle des demandeurs d’emploi ou des « stagiaires » (= nom que l’on donne aux bénéficiaires des services des CISP) qui est au centre du travail et des préoccupations des travailleurs du secteur. Ce n’est pas la volonté du gouvernement wallon. Il voudrait que le secteur d’insertion socio-professionnelle vienne directement soutenir les besoins immédiats des grandes entreprises. C’est la raison pour laquelle ce gouvernement veut avoir la main sur le contenu des formations délivrées par les CISP et c’est pourquoi ce gouvernement veut pousser les CISP à se tourner davantage vers les métiers en pénurie. A part que les métiers en pénurie le sont bien souvent car ce sont des métiers qui ne permettent pas de vivre dignement.

Besoin d’un plan ambitieux

Ce que les manifestants réclament, c’est de pouvoir compter sur les investissements publics nécessaires pour répondre aux besoins. « Une demande que nous voulons rencontrer », explique Germain Mugemangango, porte-parole du PTB. « Nous voulons planifier les besoins en fonction de l’évolution démographique, l’évolution de la complexité des situations de dépendance, la situation géographique des bénéficiaires…et investir dans le personnel nécessaire pour garantir des soins et services de qualité, mais aussi pour que les travailleurs puissent réaliser leurs tâches dans un bon état d’esprit et avec un minimum de problèmes physiques et de maladies impliquant des jours d’absence. »

Germain Mugemangango poursuit : « Sur base de la planification des besoins, en concertation avec tous les acteurs du secteur (usagers, travailleurs, employeurs et pouvoirs subsidiants), nous voulons renforcer les mécanismes de financement structurel, grâce à notre projet de banque publique d’investissement. » (cliquez ici pour en savoir plus)

La résistance peut payer

Cette année, les manifestations contre le gouvernement wallon ont été nombreuses. Contre sa politique antisociale générale mais singulièrement en lien avec certains dossiers comme la mise en place de l’assurance-autonomie, la réforme du système des points APE ou les attaques contre le tissu associatif et le secteur de l’insertion socio-professionnelle en Wallonie.

Le gouvernement wallon n'a pourtant jamais été aussi faible. Il a été contraint d'annuler la séance du Parlement du 20 mars 2019, faute de majorité pour voter le texte de la réforme des APE. « Les actions menées par les travailleurs contre la réforme des APE ont déjà amplement montré que le gouvernement wallon MR-CDH ne disposait pas d'une majorité auprès des citoyens pour sa politique antisociale. Maintenant, il n'a même plus de majorité au sein du Parlement. Ce n'est pas seulement la séance qu'il faut annuler, c'est toute la réforme », a réagi Germain Mugemangango. « Les péripéties que le gouvernement wallon rencontre actuellement est un encouragement pour le mouvement social qui s'est levé contre la réforme des points APE », insiste-t-il.