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75 ans après Hiroshima-Nagasaki : la Belgique doit s’engager contre les armes nucléaires

Dangereuses pour l’humanité et coûteuses : les raisons ne manquent pas pour interdire les armes nucléaires. Or, le gouvernement belge refuse de s’engager contre les armes nucléaires et en tolère sur son territoire. Dans un monde de plus en plus dangereux et face à une pandémie inédite, il est temps de revoir les priorités (budgétaires).

Jeudi 6 août 2020

Il y a 75 ans, les USA lançaient deux bombes nucléaires sur les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki (lire l'article de Solidaire pour en savoir plus). Ces bombardements ont coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes. Aujourd’hui, la menace nucléaire sur le monde reste importante. À Washington, le 23 janvier 2020, les personnalités regroupées autour du très respecté « Bulletin of Atomic Scientists » ont déclaré : « L'humanité continue de faire face à deux dangers existentiels simultanés - la guerre nucléaire et le changement climatique - qui sont aggravés par un multiplicateur de menaces, la guerre de l'information cybernétique, qui réduit la capacité de réaction de la société. La situation internationale en matière de sécurité est désastreuse, non seulement parce que ces menaces existent, mais aussi parce que les dirigeants mondiaux ont laissé s'éroder l'infrastructure politique internationale permettant de les gérer. ». Évaluant soigneusement les menaces de guerre nucléaire depuis plus de 70 ans, le « Bulletin » conclut que les conditions pour une guerre nucléaire n’ont jamais été aussi grandes qu’en cette année 2020 : « Il est minuit moins 100 secondes » concluent les scientifiques.

Le démantèlement des armes nucléaires est urgent

Aujourd'hui, plus de 90 % des 13 865 armes nucléaires du monde sont détenues, à parts quasi égales, par la Russie et les États-Unis. Par ailleurs, la Chine, avec un budget militaire 3 à 4 fois inférieur à celui des USA vient bien loin derrière ceux-ci en ce qui concerne l’armement nucléaire (300 à 400 armes nucléaires). Cependant, au cours de la dernière décennie, le budget militaire chinois s’est considérablement accru, face à un encerclement militaire toujours plus pressant de la part des États-Unis. Les avancées scientifiques et technologiques de la Chine sont un cauchemar pour les USA.

Loin de vouloir arrêter la course à l’armement, le gouvernement américain augmente ses dépenses. Le gouvernement de l’ex-président Obama avait ainsi lancé un plan pluriannuel de modernisation des armes nucléaires de l’ordre de 1000 milliards de dollars (!). Trump a poursuivi et amplifié ce qui avait été décidé avant lui (voir cadre).

Aujourd'hui, les dépenses militaires annuelles des pays de l’OTAN dépassent les 1000 milliards de dollars. Le gouvernement Michel n’est pas en reste : il a décidé de l’achat de chasseurs-bombardier F-35, capables de transporter des armes nucléaires, pour un coût de 9,2 milliards d’euros sur dix ans. Or, c’est ce même gouvernement fédéral qui a effectué des coupes budgétaires notamment dans les soins de santé. Un choix budgétaire qui s’avèrera dramatique quelques mois plus tard lorsqu’éclatera la crise du coronavirus : pénurie de personnel, manque de matériel médical, pas de réserve stratégique de masques, … et ce n’est malheureusement pas terminé avec la deuxième vague qui s’annonce dans notre pays.

Un Traité pour l’interdiction des armes nucléaires, signé par 81 pays… mais pas la Belgique

Un signe global d’espoir : en juillet 2017, l’ONU votait un « Traité sur l’interdiction des armes nucléaires » (TIAN). Ce texte vise à interdire la fabrication, les transferts, l’emploi et la menace d’emploi des armes nucléaires. Ce traité est l’aboutissement d’une campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires, dirigée par une coalition de plusieurs ONG. Cette coalition est lauréate du prix Nobel de la paix en 2017. Début août 2020, 82 États ont signé le traité. L’ensemble des puissances nucléaires, les pays membres de l’OTAN ainsi que le Japon ou l’Australie ont boycotté l’adoption du TIAN. Le gouvernement belge a toujours refusé de signer ce traité, entre autre parce que sa signature forcerait la Belgique à demander le retrait des armes nucléaires américaines stationnées sur la base de Kleine Brogel.

Le gouvernement belge doit changer de cap et promouvoir activement le désarmement nucléaire, comme le veut la population. Deux tiers de la population belge soutient l’interdiction des armes nucléaires, selon un sondage international. Le gouvernement belge doit prendre l’initiative et convaincre les autres États. Le soutien de l’opinion publique dans le Tiers Monde à l’interdiction des armes nucléaires n’a jamais été aussi fort depuis les années 1980. Nous devons profiter de cet élan. À l’occasion des 75 ans du bombardement de Hiroshima et Nagasaki, c’est le moment idéal pour signer le TIAN et remettre en question la présence de ces armes nucléaires sur notre territoire à Kleine Brogel.

Trump fait marche arrière sur la fin de la course au nucléaire

Il faut souligner que, dès 2002, l’Administration US avait déjà dénoncé le Traité ABM, interdisant les missiles anti-balistiques, signé en 1972. Ce traité mettait un frein à la course aux armements nucléaires.

En même temps, l'OTAN continue à avoir une doctrine de première frappe nucléaire. Cela signifie que l'OTAN refuse de déclarer qu'elle n'utilisera des armes nucléaires que contre une attaque par des armes nucléaires. De plus, en violation avec les traités internationaux, l'OTAN continue à maintenir les armes nucléaires en Allemagne, en Turquie, en Italie, en Grèce, aux Pays-Bas et en Belgique (sur la base de Kleine-Brogel).

La nouveauté de Donald Trump est surtout perceptible dans le démantèlement des institutions et accords qui assurent un fragile équilibre international et qui « modèrent » la marche vers une guerre mondiale :

- en 2018, retrait de l'accord sur le nucléaire iranien ;

- en 2019, retrait du traité entre la Russie et les États-Unis interdisant les forces nucléaires à portée intermédiaire (500 à 5500 km) ;

- le 21 mai 2020, retrait d’un traité autorisant 35 pays à effectuer des reconnaissances aériennes sur le territoire des 34 autres signataires (un accord qui permettait de repérer des concentrations de forces militaires secrètes dans un objectif de transparence).

- volonté de retrait d’un accord entre les seuls Russes et Américains qui limite le nombre d’ogives nucléaires dans chacun des deux pays.