Ce que De Wever et Bouchez ne veulent pas que vous reteniez du 14 octobre
C'est du jamais vu depuis 25 ans. Nous étions 140 000 dans les rues de Bruxelles le 14 octobre dernier. Les partis de droite, les Georges-Louis Bouchez et les Bart De Wever tentent aujourd’hui de minimiser ce qui s’est passé. Mais c'est surtout un signe de faiblesse de leur part. Car cette manifestation est exceptionnelle et source de beaucoup d’espoirs. Benjamin Pestieau, secrétaire général adjoint du PTB, revient point par point sur ce qui s’est passé.
Le 14 octobre dernier, nous étions 140 000 dans les rues de Bruxelles. Du jamais vu depuis 25 ans.
Les partis de droite tentent aujourd’hui de minimiser ce qui s’est passé. Certains parlent de « quelques dizaines de milliers de personnes ». Ils disent que de toute façon « qu’on le veuille ou non, il est fondamental de faire des réformes ».
D’autres tentent de décrédibiliser la manifestation en prétendant que ceux qui n’ont pas manifesté auraient donné un signal. Axel Ronse (N-VA) : « Savez-vous quel signal ils envoient ? Ils demandent à l'Arizona de persévérer, de prendre des mesures difficiles, de réformer les pensions. »
Bon, vous l’aurez compris : il y a une bataille sur le bilan de la manifestation du 14 octobre. Les Bouchez et De Wever tentent de la minimiser et de la décrédibiliser. Mais c'est surtout un signe de faiblesse de leur part. Car cette manifestation est exceptionnelle et source de beaucoup d’espoir. Revenons point par point sur ce qui s’est passé.
140 000. C’est un chiffre impressionnant. Jamais ces 25 dernières années, on n’avait vu autant de monde dans une manifestation. On a assisté à une mobilisation historique, tant par son ampleur que par sa diversité. Ces 140 000 manifestants, ce sont des ouvriers et des employés, venus de tous les secteurs, du public et du privé, chacun avec son propre vécu. Pour beaucoup, c’était même la première manifestation. Des acteurs du large monde associatif étaient là aussi. En nombre.
Tous ceux qui étaient là ont aussi vu à quel point la jeunesse était massivement présente. Des écoliers, étudiants, jeunes travailleurs et syndicalistes, avec de l’énergie à revendre. C’est vraiment une génération qui se lève et qui veut devenir actrice de son futur.
Les 140 000 qui ont manifesté le 14 octobre, ce sont les représentants de toute la Belgique qui en a marre de ce gouvernement de la casse sociale. Ce sont celles et ceux qui font tourner le pays et qui demandent le respect.
Cette manifestation était aussi la douzième mobilisation nationale depuis janvier contre le gouvernement. C’était la plus massive. Ça montre que la contestation grandit.
Ce résultat a été rendu possible grâce aux milliers de syndicalistes et d’acteurs du monde associatif qui font un travail de terrain incroyable. Ça a aussi été rendu possible grâce aux cheminots qui ont amené les manifestants et les manifestantes à bon port. Vraiment chapeau à tous ces acteurs et actrices du mouvement social.
Au cœur de la manifestation, un message était sur toutes les lèvres et presque sur tous les panneaux : « On ne veut pas et on ne saura pas bosser jusqu’à 67 ans. »
Tant chez les plus jeunes que chez les plus âgés, le rejet du malus pension et du vol de nos pensions est immense. Vous avez bien raison : le gouvernement veut voler nos meilleures années.
Non, nos pensions ne sont pas des distributeurs de cash pour financer l’achat de missiles et de nouveaux F-35 ou faire de nouveaux cadeaux aux actionnaires.
Plus largement, c’est tout le projet de casse sociale du gouvernement De Wever-Bouchez que les manifestants refusent. Pas question de vivre dans une société dans laquelle on pourrait devoir travailler le jour comme la nuit, la semaine comme le week-end, toujours plus et de manière toujours plus flexible, sans contrôle, sans limites et sans primes. Pas question de vivre dans une société qui chasse les malades plutôt que de chasser la maladie, qui exclut les chômeurs plutôt que de travailler à la création d’emplois de qualité.
Ce 14 octobre, c’est aussi le gouvernement Bouchez-Prévôt en Fédération Wallonie-Bruxelles qui était visé. Un gouvernement qui supprime des filières de cours, qui met fin à la gratuité des fournitures scolaires, qui fait travailler les profs plus longtemps, qui augmente le minerval à 1200 euros dans l’enseignement supérieur tout en coupant dans la culture, la jeunesse, l’enfance et la petite enfance. Le sentiment d’avoir été trahi par le MR et les Engagés est profond.
Tout le long de la manifestation, un tout autre message revenait sans cesse : « tax the rich, allons chercher l’argent où il se trouve, taxons les super riches ! »
Toute cette pression, toute cette mobilisation fait bouger les lignes.
Le gouvernement hésite. Il n’arrive pas à rentrer un budget dans les temps, il n’arrive pas à concrétiser la réforme des pensions.
Le gouvernement recule même. L'introduction du malus pension a déjà été repoussée au mois de mai. Au moins 30 000 pensionnés vont y échapper. Une partie des périodes de maladie seront prises en compte pour le malus.
Ils essaient de sauver la face en minimisant la mobilisation et en propageant des mensonges sur le nombre de manifestants. De plus en plus de voix font état d'une manipulation de chiffres délibérément orchestrée au sommet de la police en présence du ministre de l'intérieur MR. Nous n’étions évidemment pas 80 000 le 14 octobre, mais bien 140 000.
Ils essaient de monter en épingle des incidents pour créer des écrans de fumée sur leur politique et l’opposition à leur politique.
Ils manipulent l’information sur les mesures qu’ils prennent en espérant nous diviser et créer la confusion.
Ils veulent même museler la contestation populaire en prenant des lois antidémocratiques.
Tout ça, c’est la preuve qu’ils ont peur. Peur de la population qui s’informe, qui comprend, qui s’organise et qui se lève.
Le 14 octobre, une page forte de notre histoire sociale a été écrite. Mais le chapitre est loin d’être fini.
Eux, ils font tout pour nous diviser et nous faire baisser les bras. Nous, on montre qu’on peut gagner.
Comment ? En restant mobilisés. En restant unis dans toute notre diversité. En continuant la bataille des idées. Car ils tentent de nous tromper, de nous démoraliser ou de nous faire croire qu’on est seuls et impuissants.
À nous de ne rien lâcher et de continuer à informer autour de nous sur les plans du gouvernement et à convaincre de notre capacité à gagner.
Dans ce combat, il y aura des avancées, mais aussi des difficultés. Nous sommes à contre-courant. Parfois, on convainc facilement. Parfois, il faut du temps. Mais pour avancer toujours plus et durablement, il faut s’organiser. Dans les syndicats, dans les associations, les collectifs, et bien sûr au PTB.
En étant mobilisés, unis, conscients et organisés, rien ne pourra nous arrêter.
Voilà notre force. Ensemble, on peut les faire reculer.