Une société arc-en-ciel et sans discriminations pour les LGBT+

D’où que l’on vienne, quelles que soient notre couleur, notre identité de genre ou notre orientation sexuelle, nous avons toutes et tous droit à vivre notre vie de manière épanouissante et libre, sans être victimes de discriminations ni subir de violence, avec des chances et des droits égaux à ceux des autres. Pour nous, c’est une question de principe fondamental. C’est pour cela que nous nous battons.

Depuis des décennies, les personnes LGBT+ (lesbiennes, homosexuelles, bisexuelles, transgenres, intersexes …) luttent pour conquérir l’égalité des droits. Aujourd’hui en Belgique, d’importantes avancées légales ont été gagnées. Mais il reste des discriminations à abolir. Et les droits gagnés sur papier tardent à se concrétiser dans les faits et les mentalités. C’est pourquoi nous poursuivons sans relâche le combat pour les droits égaux.

Ce que nous voulons

Un. Une société sans violence ni discrimination

  • Nous avons besoin d’un plan fédéral d’action cohérent pour la lutte contre toutes les discriminations (racistes, sexistes, homophobes, basées sur les convictions religieuses ou politiques, sur âge, sur une situation de handicap, etc.).
  • Nous testons activement les discriminations sur les marchés de l’emploi et du logement et sanctionnons lorsque la discrimination est avérée.
  • Nous voulons mettre un terme à la violence de rue et au harcèlement. Pour en finir avec les haines, dont l’homophobie et la transphobie, il faut prévenir et sensibiliser. Mais il faut aussi sanctionner les auteurs de délits et crimes de haine.
  • Nous aidons les victimes de violences, de harcèlement et de discriminations, en les accueillant dignement, en leur proposant un soutien psychologique et en leur permettant de porter plainte plus facilement.

Nous sommes tous des individus différents les uns des autres. Souvent, des parties de notre identité ne répondent pas à ce que la société valorise et tolère. C’est notamment le cas des personnes LGBT+. Leur identité ne correspond pas au schéma binaire homme-femme que la société a voulu leur donner dès la naissance, ou leur orientation sexuelle n’est pas celle de l’hétérosexualité stricte. Être LGBT+, ce n’est pas une question de « libre choix ». C’est simplement être en accord avec soi-même et avec les autres. Pour nous, la question de la liberté et de l’égalité des personnes est un principe fondamental.

Mais la société tend à exclure les personnes jugées « étrangères » à certaines « normes ». Il existe des discriminations très ancrées qui, par exemple, agissent sur le marché de l’emploi ou du logement. Et dans le contexte d’une société où il n’y a pas assez d’emplois décents et de logements abordables pour tout le monde, la concurrence amplifie les effets des discriminations : les groupes discriminés sont davantage socialement exclus et précarisés. Pour s’attaquer en profondeur aux discriminations, il faut donc garantir des conditions matérielles suffisantes et décentes pour l’ensemble de la population. Il faut oser créer, en tant que collectivité, ce qui nous manque. Cela ne peut pas se faire dans le cadre actuel du « tout au marché privé », dont le moteur est uniquement le profit, et qui se nourrit de la concurrence et de la pénurie. Nous avons besoin de rompre avec cette logique pour mettre les besoins de la population au premier plan.

Le gouvernement Michel s’est opposé à la lutte contre la discrimination en la fragmentant et en dressant les gens les uns contre les autres. C’est notamment ce qu’a fait la secrétaire d’État Zuhal Demir (N-VA) lorsqu’elle a fièrement annoncé un plan ambitieux pour lutter contre l’homophobie, tout en refusant de rédiger un plan contre le racisme en tant que tel. Elle prétexte « qu’il existe du côté des étrangers un racisme et un mépris manifestes pour notre société et nos valeurs des droits de l’Homme ». On constate ailleurs aussi que la droite n’hésite plus à défendre ouvertement les revendications des mouvements LGBT+, tout en niant le racisme, en le renforçant et en désignant les groupes d’origine immigrée comme étant les responsables des violences contre les LGBT+. C’est une stratégie qui porte le nom d’ « homonationalisme ». Nous nous opposons fermement à cette stratégie. Pour nous, il est essentiel qu’on mette en place un véritable plan cohérent pour lutter contre toutes les discriminations, sans opposer les minorités entre elles. Parce que défendre les personnes LGBT+, à l’exception de celles qui sont d’origine immigrée, sans emplois ou à l’âge de la pension par exemple, n’a aucun sens. Mais aussi parce qu’une société sans discriminations d’aucun type (racistes, homophobes, sexistes, transphobes, liées au statut socio-économique ou au handicap…) bénéficie à l’ensemble de la population. En termes de cohésion sociale, mais aussi en termes de force et d’union pour mieux défendre nos droits communs.

Pour en finir avec les discriminations, il faut pouvoir sanctionner ceux qui discriminent. Des lois anti-discrimination existent. Mais sans démarche active des pouvoirs publics pour détecter les discriminations et les sanctionner, l’application de ces lois reste limitée. C’est pourquoi nous voulons que les pouvoirs publics n’attendent pas que les victimes fournissent des preuves et entament des démarches. Ils doivent réaliser eux-mêmes des tests anti-discrimination.

Mais en parallèle, nous devons continuer à sensibiliser sans relâche, avec d’importantes campagnes dans l’espace public, en commençant par les écoles. Car il est inacceptable que dans une société fondée sur les droits humains, autant de personnes LGBT+ soient encore victimes d’insultes en rue, de harcèlement au travail, d’agressions physiques et de crimes de haine. Les chiffres concernant les suicides ou tentatives de suicides sont particulièrement inquiétants, surtout chez les jeunes et les personnes transgenres. Quant aux chiffres concernant les agressions physiques dans l’espace public, ils sont même en augmentation. Mais peu de personnes vont jusqu’à porter plainte vu les difficultés des démarches et la honte que la société fait peser sur elles. Pour nous, c’est aussi le rôle de la collectivité d’aider les victimes, de les soutenir et de leur permettre de porter plainte plus facilement. Il faut également sanctionner les auteurs en privilégiant les peines éducatives et réparatrices, pour continuer l’important travail de sensibilisation et de prévention au sein de la population.

Deux. Un tissu associatif fort

  • Nous soutenons le tissu associatif, de manière structurelle. Car nous avons besoin de projets de long terme qui permettent d’agir en profondeur.
  • Nous stimulons un maximum de collaboration entre associations, organisations faîtières et autorités plutôt que de mettre en concurrence les différents acteurs.
  • Nous écoutons et respectons les experts de terrain et les associations spécialisées. Ils savent de quoi ils parlent et doivent être les interlocuteurs principaux des autorités publiques.

Aujourd’hui en Belgique, l’ensemble de la population bénéficie d’importants droits. Ils sont le fruit de combats qui sont menés depuis plus d’un siècle par des mouvements sociaux de groupes minorisés, opprimés ou exploités. Les mouvements et associations forment un pilier essentiel de la vitalité démocratique de notre société. Les mouvements LGBT+ font partie de cette vitalité. Ils ont su faire sortir les LGBT+ de la criminalisation, de la psychiatrisation voire de la peine de mort. Ils ont obtenu d’importantes avancées vers l’égalité.

Nous voulons soutenir et refinancer le tissu associatif de manière structurelle. Car nous avons besoin de projets à long terme, qui permettent d’agir en profondeur. Il faut arrêter de faire peser la menace de l’austérité et de distribuer les subsides par petits paquets ponctuels en fonction des projets. Cela favorise les projets de court terme et ceux qui répondent aux agendas particuliers du monde politique, au détriment du travail de profondeur et du long terme. Nous devons aussi stimuler un maximum de collaboration entre associations, organisations faîtières et autorités plutôt que de mettre en concurrence les différents acteurs et leurs projets.

Même parmi les associations LGBT+, tous les acteurs ne sont pas représentés de manière équitable. Nous devons veiller à donner une place importante aux associations qui représentent les publics les plus vulnérables. Et à celles qui travaillent sur les différentes sources de discriminations en même temps. Car, dans la réalité, les discriminations racistes, sexistes, homophobes, socio-économiques ou liées au handicap se cumulent et amplifient leurs effets sur les publics concernés.

Trois. Des administrations et des services publics exemplaires

  • Nous voulons mettre un terme aux discriminations institutionnelles contre les LGBT+ : papiers d’identité, changement d’état civil, changement de prénom, droits de parentalité, règles pour le don de sang, adoption.
  • Nous formons le personnel des services publics (et de police) pour accueillir dignement les personnes LGBT+, sans préjugés et avec la connaissance des dernières dispositions légales.
  • Nous voulons que la communication soit plus inclusive, c’est-à-dire qu’elle reflète la réalité de la diversité de la population et qu’elle s’adresse à tout le monde, plutôt que de renforcer les stéréotypes.
  • Nous faisons en sorte que chaque grande ville puisse offrir un refuge aux jeunes LGBT+ qui ont mis à la porte du domicile familial. Ces jeunes ont besoin de soutien scolaire, social, psychologique et de médiation avec leur famille.
  • Nous voulons que les personnes que les demandeurs d’asile LGBT+ soient accueillis dans un environnement respectueux et apaisé. Leur demande doit être examinée de manière juste et humaine, sans stéréotypes ni préjugés.

Les administrations et services publics ont un important rôle à jouer pour accueillir dignement les citoyens et citoyennes LGBT+. Nous attendons de notre pays qu’il soit à la pointe en la matière. En premier lieu, il faut mettre un terme aux discriminations institutionnelles qui subsistent, particulièrement celles concernant les papiers d’identité, le changement d’état civil et de prénom, les droits de parentalité, les démarches d’adoption et les règles pour le don de sang.

De récentes modifications de la législation permettent notamment aux personnes transgenres de changer leurs données (sexe, prénom), mais une fois seulement. Nous voulons supprimer cette restriction. Par ailleurs, le personnel de l’administration doit être formé aux nouvelles législations pour éviter les malentendus, les questions « maladroites » et les lourdeurs administratives. Mais de manière générale, c’est tout le personnel en contact avec le public qui doit être sensibilisé. Trop souvent, les personnes LGBT+ font face à des questions gênantes, voire indiscrètes ou stigmatisantes que ce soit lors de la reconnaissance d’un enfant issu d’un couple de femmes, lors de démarches entreprises par une personne transgenre, ou lors d’un dépôt de plainte dans le cadre d’une agression homophobe.

Une attention particulière doit être portée à la formation du personnel de police. Car encore trop souvent une victime est traitée sans tact ni discrétion, des questions déplacées lui sont posées, et le caractère aggravant de son agression est sous-estimé, voire remis en question.

Le choix des mots et des images, le tact et une communication inclusive sont très importants pour ne pas exclure les citoyens et pour lutter contre les stéréotypes. Un service public doit s’adresser à toutes les personnes, quels que soient sa couleur, son genre, son orientation sexuelle, son métier. Nous devons passer au crible l’ensemble des procédures administratives pour rendre les démarches et les formulaires, courriers officiels, les procédures de recrutement de personnel, les campagnes d’information et de sensibilisation totalement inclusifs et réellement représentatifs de la diversité de la population.

Trop souvent encore, des jeunes LGBT+ sont mis à la porte de chez eux par leur famille. Ils et elles se retrouvent alors dans une situation de grande précarité sociale et psychologique. Il est fondamental de pouvoir les accueillir pour leur offrir un toit, mais aussi une médiation et un accompagnement social et scolaire efficace. Il faut créer des « refuges » pour ces jeunes. Il faut aussi leur garantir l’aide du CPAS si nécessaire.

De nombreuses personnes arrivent en Belgique et demandent l’asile parce qu’elles fuient un pays où elles étaient victimes de persécutions liées à leur identité de genre ou à leur orientation sexuelle. Nous voulons qu’elles soient accueillies dans des structures décentes, de petite taille, où le personnel est sensibilisé et connaît la situation. Nous voulons aussi que leur demande d’asile soit examinée de manière juste et humaine, sans stéréotypes, ni biais, ni confrontation violente avec leur histoire.

Quatre. Un enseignement qui sensibilise à la source

  • Nous mettons en place un plan ambitieux contre le harcèlement et le suicide qui frappent durement les jeunes LGBT+.
  • Nous permettons aux jeunes d’avoir accès à l’école à des ateliers d’éducation relationnelle et sexuelle adaptés à leur âge.
  • Nous rendons les cours plus inclusifs pour qu’ils reflètent la réalité de la diversité plutôt que de renforcer les différents stéréotypes.
  • Nous stimulons la création de cercles dans les écoles où les jeunes peuvent s’engager activement pour la diversité et la solidarité, contre l’homophobie et les autres discriminations.

Pour faire évoluer les mentalités vers plus d’acceptation et lutter contre les intolérances, l’école doit jouer un rôle de premier plan. Aujourd’hui, quasiment aucune sensibilisation n’y est organisée en ce qui concerne le racisme et le sexisme par exemple, ou l’homophobie et la transphobie. Résultat : parmi les jeunes, les insultes homophobes sont banalisées et le harcèlement visant les enfants ou adolescents jugés « hors norme » y est particulièrement violent. Le risque pour un jeune LGBT+ de faire une tentative de suicide est de 2 à 7 fois plus élevé que pour les autres jeunes, et environ 20 % des jeunes LGBT+ ont déjà fait une tentative de suicide. C’est pourquoi nous voulons que les questions de discriminations, notamment celles concernant les identités LGBT+, soient abordées dans les écoles, du début du primaire jusqu’en fin du secondaire, de manière adaptée en fonction de l’âge des enfants.

Les écoles et les enseignants doivent être aidés. Le contenu des animations EVRAS (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) doit inclure la diversité des genres et des identités sexuelles, en ne se limitant pas à la contraception et à la sexualité reproductive hétérosexuelle qui ne reflète qu’une réalité partielle. Ces animations doivent être prises en main par des acteurs de terrain et doivent être beaucoup plus fréquentes et uniformisées qu’elles ne le sont actuellement. Il faut créer un climat d’ouverture, de respect, d’écoute et de discussion pour aborder les questions des jeunes sans tabous.

Plus largement, l’ensemble des manuels, textes, énoncés d’exercices et mises en situation doivent aussi être inclusifs et refléter la diversité de notre société, plutôt que de renforcer les stéréotypes dominants. Le cours de biologie doit aussi tenir compte de la réalité. Car dans la nature, une partie non négligeable des individus (les personnes intersexes, de l’ordre de 2 % dans la population) ne développent pas toutes les caractéristiques biologiques généralement prêtées aux sexes « mâle ou femelle ».

Nous voulons aussi stimuler la création d’organisations de jeunes en « cercles d’élèves » qui s’activent et s’engagent au sein des écoles sur des thématiques diverses, notamment LGBT+. Des expériences pilotes en Flandre, aux Pays-Bas et dans beaucoup d’écoles aux États-Unis ont permis la création de tels cercles. Les jeunes luttent ainsi concrètement et ensemble contre les discriminations. Ils créent un climat de tolérance crucial pour le bon développement de toutes et tous. Et ils développent leur sens de l’engagement collectif et de la responsabilité citoyenne. C’est un aspect essentiel pour le futur démocratique de notre société.

Cinq. Des soins de santé de haute qualité

  • Nous garantissons des soins de qualité pour les personnes transgenres, dont un remboursement intégral des éventuelles interventions chirurgicales. Il faut en finir avec la psychiatrisation des personnes transgenres.
  • Nous donnons un nouvel élan à la lutte contre le VIH, en rendant les dépistages rapides, accessibles et gratuit, ainsi que les médicaments de prévention comme la PrEP.
  • Nous faisons des plannings familiaux et des maisons médicales de quartier l’avant-garde en ce qui concerne la prévention et la santé des personnes LGBT+.
  • Nous voulons en finir avec les opérations chirurgicales forcées sur les bébés et enfants intersexes. Il faut que les jeunes en question soient en âge de consentir et qu’ils aient eu le temps de trouver leur identité de genre.
  • Nous créons des maisons de repos et soins accueillantes pour le public LGBT+. Nous formons le personnel à cette thématique. Il n’est pas acceptable que tant de personnes LGBT+ se sentent obligées de retourner « dans le placard » lorsqu’elles sont âgées.

Le public LGBT+ et plus spécifiquement les hommes homosexuels sont les premières victimes d’une épidémie mondiale de VIH. Si des traitements existent pour limiter les effets de la maladie, le VIH reste une infection incurable et mortelle. Dans la première décennie de l’épidémie, le mouvement LGBT+ a dû se battre contre la stigmatisation pour obtenir l’attention des pouvoirs publics et bénéficier de traitements abordables. Il a aussi fallu combattre les multinationales pharmaceutiques et obtenir de l’État de vrais plans de lutte contre le sida. Mais la stratégie actuelle de prévention et de soin atteint ses limites et l’épidémie ne recule plus.

Cependant de nouveaux outils existent. Comme la PrEP (un traitement préventif) ou encore les tests de dépistage rapides. Ces tests sont trop peu répandus et non remboursés. Pourtant ils permettent de détecter très vite le VIH, alors qu’aujourd’hui une grande partie des contaminations est due au fait que la personne porteuse du virus ignore qu’elle en est porteuse. Nous avons en Belgique onze centres de référence SIDA (CRS) reconnus. Ils informent, conseillent, offrent du soutien et un accompagnement par rapport au sida et aux autres maladies sexuellement transmissibles. Mais tous ces centres n’offrent pas d’assistance médicale pour la PrEP. Nous voulons rectifier cela. Nous avons besoin d’associations, de maisons médicales et de centres de santé spécialisés dans l’ensemble du pays, qui puissent pratiquer ces tests et qui puissent informer et suivre les personnes qui souhaiteraient entamer un traitement PrEP. En parallèle, nous devons bien sûr intensifier les campagnes de prévention existantes.

Beaucoup de soins de santé, et plus spécifiquement concernant les personnes transgenres ou intersexes, ne sont pas encore remboursés intégralement. Nous plaidons pour que la sécurité sociale les rembourse. La société ne peut laisser tomber personne dans la pauvreté. Par ailleurs, nous voulons en finir avec la psychiatrisation des personnes transgenres de même qu’avec les opérations chirurgicales forcées sur les bébés et enfants intersexes. Les jeunes doivent être en âge de consentir et de trouver leur identité de genre.

Nous voulons enfin accorder une attention particulière aux personnes âgées LGBT+. Les institutions dans lesquelles elles se retrouvent sont souvent d’un autre temps. Nous devons aussi créer des maisons de repos accueillantes pour le public LGBT+. Nous formons le personnel à cette thématique. Il n’est pas acceptable que tant de personnes LGBT+ doivent retourner « dans le placard » lorsqu’elles sont âgées.