Une politique du handicap inclusive

Nous voulons une société inclusive, émancipatrice et démocratique dans laquelle les personnes porteuses de handicap font partie de la société. Nous voulons qu’elles puissent disposer de la plus grande autonomie possible et être associées aux décisions qui les concernent. L’inclusion doit se faire de la naissance aux vieux jours pour garantir une vie digne. Et cela passe par le respect des droits des personnes ayant un handicap, avec les budgets nécessaires pour les réaliser.

Les handicaps moteurs, visuels, auditifs ou mentaux sont une réalité quotidienne et permanente pour 850 000 personnes en Belgique. Cependant, les difficultés que rencontrent un grand nombre de ces personnes sont moins liées à leur handicap ou à leur maladie qu’à la manière dont la société prend la question du handicap en considération. La Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées ratifiée par la Belgique en 2009 stipule que les personnes présentant un handicap doivent pouvoir participer effectivement à la vie en société. Toute personne doit pouvoir s’épanouir, s’impliquer et être reconnue dans ses capacités et ses potentiels. Il s’agit de ne pas être discriminé et réduit à son handicap. Trop peu de choses sont mises en place aujourd’hui pour permettre à ces personnes de vivre chez elles, de pouvoir être actrices de leur santé, d’avoir les ressources financières pour mener une vie décente et pour être capables de se déplacer en société. Nous voulons une société inclusive, émancipatrice et démocratique dans laquelle les personnes porteuses de handicap font partie de la société. Nous voulons que ces personnes puissent disposer de la plus grande autonomie possible et être associées aux décisions qui les concernent. L’inclusion doit se faire de la naissance aux vieux jours pour garantir une vie digne.

Ce que nous voulons

Un. Garantie de soins et revenus décents

  • Nous recensons les besoins et identifions les besoins en matière d’accueil et de soins qui ne sont pas rencontrés.
  • Nous garantissons des soins pour toutes les personnes confrontées à un handicap. Et ce, pas seulement pour les personnes ayant un important besoin de soins ou qui sont dans une situation d’urgence absolue, mais pour toutes et tous.
  • Nous développons une approche proche du sur-mesure. Chaque handicap a ses propres besoins, qui nécessitent une assistance appropriée.
  • Nous relevons les indemnités et les allocations au-dessus du seuil de pauvreté européen.
  • L’allocation d’intégration est liée au handicap et doit être versée indépendamment du revenu.

L’article 19 de la Convention relative aux droits des personnes avec un handicap affirme qu’elles doivent avoir la possibilité de choisir librement leur lieu de résidence, où et avec qui elles vivent. Elles devraient également avoir accès à un certain nombre de services de soutien, y compris une assistance personnelle. Nous voulons mettre en pratique cette convention.

Aujourd’hui, un choix libre est très difficile lorsque les listes d’attente pour les équipements ou pour les budgets d’aide sont aussi longues. En Flandre, en 2014, 22 000 personnes handicapées se trouvaient sur une liste d’attente pour une forme quelconque de prise en charge. En Wallonie et à Bruxelles, le nombre de personnes en attente d’un séjour dans un établissement ou d’une autre forme de soutien n’était même pas recensé par les autorités publiques. La priorité est d’établir un cadastre des besoins, avec une mise à jour régulière, et établir un plan de prise en charge de ces besoins, avec les budgets nécessaires et un plan pour les rencontrer, plan qui engage plusieurs législatures successives.

Les personnes avec un handicap ont droit à un revenu inconditionnel au-dessus du seuil de pauvreté. En Belgique, 25 % des personnes handicapées vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 15 % de la population moyenne. Le revenu est l’un des déterminants de l’autonomie des personnes handicapées. Combien de personnes handicapées ne restent pas chez leurs parents en raison de leur faible revenu ? Nous voulons relever au-dessus du seuil de pauvreté les allocations auxquelles les personnes présentant un handicap ou les malades ont droit. Les différentes formules qui améliorent l’accessibilité financière aux soins de santé prévues pour les personnes présentant un handicap ou malades doivent également être octroyées de manière automatique aux bénéficiaires qui y ont droit.

Deux. Favoriser l’accès à l’emploi dans le circuit régulier

  • Nous favorisons le travail dans le circuit régulier de l’emploi comme première possibilité pour les personnes ayant un handicap.
  • Nous garantissons des conditions de travail équivalentes à celles du circuit normal de travail dans des ateliers protégés.
  • Nous imposons un quota de 5 % de personnes ayant un handicap dans les pouvoirs publics et les entreprises privées de plus de 20 employés. Un processus concret et suivi étalé sur cinq ans est élaboré à cet effet.

Selon l’article 27 de la Convention des Nations unies, les personnes handicapées ont droit à l’emploi sur une base d’égalité avec les autres. Ce qui inclut le droit à la possibilité d’assurer sa subsistance par un emploi librement choisi ou accepté sur le marché du travail et dans un environnement de travail ouvert et inclusif accessible aux personnes handicapées. Trouver un emploi est beaucoup plus difficile pour les personnes handicapées. Moins de la moitié des personnes handicapées travaillent, contre plus de trois quarts des personnes non handicapées. L’emploi dans un lieu de travail protégé ou social est possible à condition que la participation à l’économie régulière soit la première possibilité et que les conditions de travail dans les lieux de travail protégés soient équivalentes à celles du circuit normal du travail. Depuis un certain temps déjà, les autorités publiques se sont fixé comme objectif que 3 % de leurs emplois soient occupés par des personnes handicapées. Or on est à peine à 1,3 % aujourd’hui. Nous libérons les moyens financiers afin de pouvoir aménager le lieu de travail de manière raisonnable pour leur permettre de travailler. Nous faisons également respecter l’obligation d’aménagements raisonnables aux employeurs, opérateurs de formation, organismes de mise à l’emploi et agences d’intérim.

Trois. Un habitat inclusif, une garantie de mobilité et de services accessibles

  • Nous développons une offre de services variée et suffisante afin de permettre aux personnes ayant un handicap de vivre chez elles.
  • Nous remboursons entièrement les dispositifs et les travaux nécessaires pour vivre de façon autonome.
  • Nous adaptons des logements sociaux pour les personnes à mobilité réduite.
  • Nous interdisons et sanctionnons la discrimination à l’encontre des personnes handicapées sur le marché privé du logement.
  • Nous créons des centres d’accueil et de résidence supplémentaires, de qualité et adaptés aux personnes avec handicap de grande dépendance.
  • Nous incluons la question de l’accessibilité dans tout nouveau projet de construction, en particulier dans l’espace public et les logements.
  • Nous supprimons toutes les barrières qui limitent l’accessibilité non seulement dans les bâtiments administratifs, mais aussi dans les écoles, les parcs, les centres culturels…
  • Nous adaptons des guichets pour les personnes en fauteuil roulant.
  • Nous installons une signalisation claire également pour les malvoyants.
  • Nous rendons les transports en commun totalement accessibles aux personnes à mobilité réduite.
  • Nous encourageons les commerçants et les hôteliers à rendre leurs commerces aussi accessibles que possible, y compris les toilettes.
  • Nous appliquons des critères accessibles, compréhensibles et serviables aux besoins des personnes ayant des limitations spécifiques.
  • Nous garantissons que l’information gouvernementale soit accessible à tous et dans un langage clair. La communication avec les personnes aveugles et malvoyantes ne se fait numériquement que par le biais de formats qui rendent possible l’agrandissement ou la lecture.
  • Nous encourageons financièrement les associations à éliminer les obstacles pour les personnes handicapées.

Pour permettre aux personnes avec un handicap d’avoir réellement le choix de leur lieu de vie et de leur organisation de vie, nous voulons élargir l’offre de services. Chaque personne doit pouvoir choisir ce qui lui convient le mieux : aide à domicile, service résidentiel, accompagnement à la vie en autonomie… Pour les personnes avec handicap de grande dépendance, nous voulons créer des centres d’accueil et de résidence supplémentaires, de qualité et adaptés.

Nous remboursons entièrement les dispositifs et les travaux nécessaires pour vivre de façon autonome. Des équipements essentiels (comme un ascenseur) ou des transformations d’un logement sont encore être partiellement à charge de la personne avec un handicap. C’est un obstacle pour vivre en société. Trop peu de logements sociaux sont adaptés aux personnes à mobilité réduite. Les personnes avec un handicap font souvent l’objet d’une discrimination cachée ou manifeste sur le marché locatif en raison de leurs revenus limités. De plus, l’acquisition d’une maison est parfois plus difficile en raison d’une assurance de solde restant dû refusée.

Un problème spécifique est la qualité des initiatives d’aide à la vie autonome à petite échelle qui sont souvent mises en place par les parents fortunés ou d’un crowdfunding. Ces projets devraient également bénéficier d’un financement collectif intégral, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’obstacles financiers pour ceux qui ont moins de moyens.

Les seuils sont souvent trop élevés et les pièges trop importants pour les personnes avec un handicap : trottoirs mal entretenus, passages difficiles, poteaux électriques au milieu des piétonniers, terrasses trop larges qui obstruent le passage, places de stationnement réservées qui sont occupées. Il n’y a pas assez de bus accessibles aux personnes handicapées et surtout trop peu d’arrêts adaptés. La mobilité et l’accessibilité sont des domaines par excellence pour organiser la démocratie. Les personnes moins mobiles sont les mieux placées pour identifier les nombres points douloureux et exiger des améliorations.

Nous voulons inclure la question de l’accessibilité dans tout nouveau projet de construction, en particulier dans l’espace public et les logements. Nous supprimons toutes les barrières qui limitent l’accessibilité non seulement dans les bâtiments administratifs, mais aussi dans les écoles, les crèches, les terrains de jeux, les salles de sport, les piscines, les parcs, les centres culturels, les événements publics. Nous rendons partout les toilettes publiques facilement accessibles. Nous adaptons des guichets pour les personnes en fauteuil roulant, avec une signalisation claire également pour les malvoyants. Nous rendons les transports en commun parfaitement accessibles.

Quatre. Un enseignement inclusif

  • Nous refinançons l’enseignement pour réaliser la pleine inclusion dans l’enseignement ordinaire en règle générale avec l’enseignement spécial en complément.
  • Nous assurons des services de garde d’enfants inclusifs.
  • Compte tenu de la spécificité et des contraintes différentes, nous organisons un enseignement et des formations spécialisées pour les enseignants.
  • Nous offrons gratuitement la logopédie.

La Convention des Nations unies implique le droit à l’éducation inclusive. Cela signifie que l’école ordinaire est ouverte à tous les élèves. Pour les élèves handicapés qui ont besoin d’aide, cela signifie que, tout en ayant leur propre parcours d’apprentissage, ils sont intégrés dans l’enseignement ordinaire et qu’ils ne sont pas orientés vers un enseignement spécialisé. Une grande majorité d’enfants handicapés peuvent tout à fait suivre un enseignement normal, à condition qu’un certain nombre de conditions préalables soient remplies : adaptation des salles de classe, mais surtout plus d’enseignants ayant une formation adaptée. Cela signifie évidemment davantage de ressources financières pour l’éducation qui est déjà chroniquement sous-financée. La Wallonie et Bruxelles souffrent d’un manque d’espace dans l’éducation spécialisée de sorte que les parents gardent leurs enfants à la maison. Les enseignants ne reçoivent pas non plus de formation spécifique et la division en différents types ne correspond pas à la réalité. C’est pourquoi la Ligue des droits de l’homme a déposé une plainte collective auprès du Comité européen des droits sociaux en 2017 pour efforts insuffisants pour donner aux élèves handicapés mentaux une place dans l’enseignement primaire et secondaire ordinaire. Cette plainte a été appuyée par Unia et par le Commissaire aux droits de l’enfant d’expression française. Des mesures structurelles doivent être prises pour rendre les établissements, mais également l’apprentissage, accessibles à tous, notamment en adaptant la pédagogie aux élèves. Les enseignants doivent bénéficier rapidement d’un meilleur soutien et de formations approfondies quant à la gestion de la diversité en classe. Le décret du 6 septembre 2017 sur les Aménagements raisonnables doit être mis en pratique sans restrictions.

Cinq. Approche particulière de l’autisme

  • Nous garantissons une approche multidisciplinaire tant dans le diagnostic que dans la prise en charge des troubles complexes du développement tels que les troubles du spectre autistique. Cette approche doit être détachée de la psychanalyse.

Les troubles du spectre autistique sont une question particulière. L’autisme est un trouble du développement basé sur une anomalie congénitale du cerveau. Jusqu’à il y a une dizaine d’années dominait en Belgique francophone la théorie selon laquelle l’autisme était un trouble psychiatrique qui, selon la psychanalyse, était basé sur un lien mère-enfant perturbé. Pour beaucoup de mères, c’est un véritable traumatisme. Cette approche psychanalytique dommageable a encore une certaine influence. Il est impératif de séparer l’autisme de cette approche psychanalytique. Des équipements, des possibilités d’accompagnement et une formation spécifiques sont nécessaires pour s’occuper des enfants autistes. Lorsqu’ils atteignent dix-huit ans, les soins sont encore plus difficiles et le besoin de soins est souvent sous-estimé, surtout lorsqu’il s’agit de personnes ayant un talent normal ou élevé en combinaison avec un diagnostic de trouble du spectre autistique. Le diagnostic et l’orientation ne sont pas faciles non plus, il faut des années avant de vraiment connaître quelqu’un qui souffre d’autisme. Nous soutenons la demande des parents d’adultes autistes : un budget solide et une attention aux besoins particuliers des personnes autistes.

Six. Une représentation positive et une démocratie participative

  • Les personnes handicapées sont représentées de façon positive, en particulier dans les médias publics.
  • Nous voulons que chacun se familiarise avec les personnes handicapées à travers des campagnes d’information et des rencontres. La réticence à l’égard des personnes handicapées existant chez certains peut ainsi rapidement être dépassée.
  • Nous instaurons un conseil consultatif des personnes en situation de handicap, malades ou à mobilité réduite à tous les niveaux de pouvoirs.
  • Nous rationalisons la politique du handicap en refédéralisant certaines compétences.
  • Nous interdisons l’enfermement en prison des personnes atteinte d’un handicap mental.

Il est essentiel d’impliquer les associations représentatives des personnes handicapées dans les décisions concernant le handicap et de tenir compte des personnes présentant un handicap dans les décisions qui sont prises dans les différents domaines de la politique. C’est pourquoi nous voulons instaurer un conseil consultatif des personnes en situation de handicap, malades ou à mobilité réduite à tous les niveaux de pouvoirs. Des conseils consultatifs existent déjà au niveau fédéral, communal et en Région bruxelloise, mais il doit également voir le jour au niveau de la Région wallonne et au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous souhaitons que ces conseils puissent se prononcer d’initiative sur toutes les matières susceptibles de les concerner et que le gouvernement soit obligé de les consulter.

Enfin, nous voulons rationaliser la politique du handicap en refédéralisant certaines compétences. Aujourd’hui, la politique du handicap est rendue inutilement complexe par le partage des compétences entre différents niveaux de pouvoir. Le financement des soins aux personnes handicapées dans notre pays est un enchevêtrement complexe auquel participent le gouvernement fédéral et les gouvernements constituants. À Bruxelles, les effets néfastes de cette situation sont exacerbés par le fait que les personnes handicapées vivant sur un même territoire dépendent de deux systèmes communautaires différents. Cet enchevêtrement inextricable est à lui seul un plaidoyer en faveur de l’inversion de la division rampante de la sécurité sociale. Elle est injuste et discriminatoire et rend plus difficile pour les personnes présentant un handicap la possibilité de faire respecter leurs droits.