Nous prenons notre avenir numérique en main
La technologie est devenue indispensable à notre vie en société. Si elle peut parfois nous faciliter la vie, en réalité, elle constitue surtout une source de profit pour les géants du web. Nous voulons reprendre le numérique en main, offrir un accès gratuit à Internet pour tous, stimuler les « digital makers » et soutenir notre démocratie. Nous donnons voix au chapitre aux travailleurs, diminuons la fracture numérique et protégeons nos données. Ainsi, nous rendons au numérique toute sa dimension sociale.
Le numérique fait désormais partie intégrante de notre vie. Nous sommes collés à nos smartphones du matin au soir. Il n’a jamais été aussi facile de communiquer. Le numérique est également de plus en plus présent dans le monde du travail. De plus, l'avènement de « l'intelligence artificielle » (IA) annonce une nouvelle révolution. Les ordinateurs deviendraient si intelligents qu'ils prendraient en charge des emplois et rendraient notre travail et nos vies beaucoup plus faciles. Ça, c'est génial. Travailler moins pour pouvoir consacrer plus de temps à ce qui compte vraiment. Mais les choses pourraient aussi facilement prendre une autre tournure. Devoir travailler encore plus dur et plus longtemps parce que les nouvelles technologies nous poursuivent et nous contrôlent partout et à toute heure de la journée : rentrer chez soi le soir et devoir encore répondre à l’un ou l’autre message ou mail, parce que les applications ne dorment jamais. La technologie sera-t-elle émancipatrice ou asservissante ? Cette question fera partie des enjeux de la lutte sociale de ces prochaines années. Les grèves à Hollywood en donnent déjà un avant-goût. Les scénaristes et les acteurs de nos séries préférées craignent d'être remplacés par l'IA et de voir les grandes entreprises de médias empocher le magot.
Nos gouvernements restent les bras croisés. Au lieu de se doter eux-mêmes d'une expertise numérique, ils s'en remettent presque exclusivement à des consultants informatiques externes aux honoraires prohibitifs. Au Parlement flamand, le chef de groupe du PTB Jos D'Haese a dénoncé ces pratiques : le recours à des consultants externes était devenu tellement systématique que le gouvernement Jambon n'avait plus aucune idée de combien cela lui coûtait. Combien d’argent du contribuable ces consultants ont-ils reçu ? 1,5 milliard d’euros ? 640 millions d’euros ? Après des mois de calculs, le gouvernement Jambon ne le savait toujours pas. Ne serait-il pas préférable de consacrer tout cet argent au développement de notre expertise en interne et à celui de nos propres infrastructures ? Le gouvernement nie la question et préfère rester dans son époque moyenâgeuse. Cela nous coûte cher et continue de donner du pouvoir aux grandes entreprises.
Nos gouvernements sapent eux-mêmes leur pouvoir. Côté wallon, l'intercommunale Nethys a vendu l'entreprise de télécommunications VOO au groupe français Orange. Les députés PTB Germain Mugemangango et Julien Liradelfo se sont farouchement opposés à cette vente. En Flandre, cela fait longtemps que Telenet, l'homologue de VOO, a été privatisé. Ses actionnaires veulent le vendre complètement à l'entreprise étasunienne Liberty Global. Le directeur général de cette entreprise, le milliardaire John Malone, s’était réjoui de la victoire de Donald Trump en 2016, annonçant à ses actionnaires qu’avec « Trump au pouvoir, il y aurait moins de réglementations ». Ainsi, personne en Flandre ou en Belgique n'aurait son mot à dire sur le réseau câblé et nous mettrions notre avenir entièrement entre les mains d'un milliardaire étasunien.
Les multinationales technologiques étasuniennes telles que Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft (les GAFAM) ont le champ totalement libre. Elles disposent d’une montagne d'informations sur nos vies, jusque dans notre intimité la plus absolue, et les utilisent pour engranger des profits gigantesques. Elles utilisent également la technologie pour contourner la législation sociale. Les gouvernements préfèrent écouter les lobbies plutôt que les citoyens. Comme l'ancien ministre bruxellois Pascal Smet, qui a accordé un traitement de faveur à la société de taxis Uber, au lieu de défendre nos chauffeurs de taxi. Avec Françoise De Smedt, cheffe de groupe PTB au parlement bruxellois, le PTB est le seul parti à s’être opposé à l’uberisation du secteur, aux côtés des chauffeurs de taxi.
Le libre marché semble sacro-saint lorsqu'il s'agit de déployer une nouvelle technologie. Ainsi, la ministre Groen Petra De Sutter est fière que quatre réseaux 5G soient construits côte à côte, alors qu'un seul réseau performant suffirait amplement. Quatre réseaux, c’est quatre fois plus de matériaux rares, quatre fois plus d’énergie et quatre fois plus d'antennes. Le réseau est non seulement moins efficace, mais aussi beaucoup plus cher et moins accessible. De même, lors de l’installation de câbles à fibre optique, deux, voire trois câbles sont posés côte à côte sous le pavé, alors qu'un seul câble suffirait amplement. Alors que de très nombreux ménages n'ont toujours pas accès à un Internet rapide et de qualité, on investit des millions d'euros dans des infrastructures inutiles. Cela fait grimper les prix. Le gouvernement tente de pallier cette situation avec le tarif social, mais les prix restent très élevés. « Le tarif social en Belgique correspond au tarif normal dans nos pays voisins », a réagi la députée PTB Maria Vindevoghel à la Chambre des représentants.
Cela doit changer. Grâce à un programme d'investissement progressiste, nous voulons reprendre en main le monde du numérique. Grâce à la technologie, nous garantirons le droit d'accès à Internet, nous réduirons la fracture numérique et le gouvernement deviendra plus démocratique et plus accessible. Nous nous renforcerons également face aux employeurs qui veulent augmenter la charge de travail et leurs profits grâce à la technologie.
Nous avons confiance en l’avenir. Nous utiliserons l'intelligence artificielle pour améliorer la vie des gens, pas pour faire du profit. Nous encouragerons les personnes créatives à contribuer à façonner l'avenir du numérique, sans dépendre des publicités. En bref, nous reprendrons notre avenir numérique en main.
Un. Un accès à Internet pour tous grâce à un réseau public en fibre optique
- D'ici 2030, chaque famille a un accès gratuit à un réseau Internet rapide et stable. Nous faisons de cet accès un droit fondamental.
- Le prix de l'Internet mobile est aligné sur celui de nos voisins grâce à des plafonds tarifaires.
- Nous généralisons les points d'accès gratuits à l'Internet dans tous les bâtiments et lieux publics, ainsi que dans les transports en commun.
- Nous replaçons Proximus sous contrôle démocratique et la transformons en une entreprise communautaire moderne qui construit un réseau public en fibre optique sous sa propre direction.
- Nous fournissons un réseau mobile de haute qualité avec une couverture ciblée que tout le monde peut utiliser avec n'importe quel abonnement.
Aujourd'hui, on ne peut plus vivre sans accès à Internet. On l’utilise pour se faire des amis, faire des achats, suivre des cours ou travailler, rechercher un emploi, gérer ses impôts ou même trouver l’amour. C'est pourquoi nous voulons faire de l'accès à Internet un droit fondamental que nous garantirons en donnant à chaque ménage un accès gratuit à un Internet rapide et stable d'ici 2030. Aller sur Internet, c'est comme sortir de chez soi : vous ne devez pas payer lorsque vous franchissez le seuil de votre porte. Nous fairons de même pour l’accès à Internet.
Nous visons un Internet plus rapide grâce à des câbles en fibre optique. Une fois les câbles installés, l'accès à Internet sera tellement bon marché que nous pourrons le rendre gratuit. La ville étasunienne de Chattanooga l’a d’ailleurs déjà fait. Pour presque rien, ses citoyens ont accès à Internet à gigabit grâce au réseau public de fibre optique. Ce faisant, la ville a attiré de nouvelles entreprises du net et des digital makers, ce qui lui a valu son surnom de « Gig City ». Grâce au réseau public de fibre optique, nous créerons des points d'accès Wifi gratuits dans les bâtiments publics, sur les places publiques et dans les transports publics. Vous pourrez donc accéder à un Internet rapide et gratuit même lorsque vous vous déplacerez, sans devoir souscrire à un abonnement 5G onéreux.
Les plans sont ambitieux, mais faisables. Après tout, avec Proximus, nous avons déjà une entreprise de télécommunications qui pose des câbles en fibre optique dans tout le pays. Cependant, cela ne se reflète pas dans les prix. Bien que Proximus soit détenue à moitié par le gouvernement belge, tous les gouvernements précédents, des libéraux aux verts, ont exigé qu'elle se comporte comme une entreprise privée, toujours en quête de profit, avec des salaires excessivement élevés pour les PDG et les membres du conseil d'administration, du dumping social sur les chantiers et une externalisation des centres d'appel. Proximus a déjà vendu de grandes parties de son réseau de fibre optique à des sociétés d'investissement.
Les conséquences sont des services médiocres et des prix élevés, ainsi que l’ouverture hâtive de rues pour la pose des câbles, ensuite laissées en mauvais état. Ce n’est pas du tout efficace. L'entreprise pose des câbles en fibre optique dans les quartiers riches, à côté de ceux de ses concurrents comme Fluvius, mais les quartiers pauvres sont laissés pour compte. En dehors des villes, le gestionnaire de réseau Fiberklaar amène quasi de force la fibre optique jusque dans les maisons pour le compte de Proximus. Les plaintes s’accumulent concernant des vendeurs qui font pression sur les habitants pour qu'ils signent des contrats hors de prix. Cela est dû à la logique commerciale des investisseurs privés qui veulent générer un maximum de profits sur leur investissement. Tant que les câbles seront entre les mains de ces investisseurs, les prix resteront élevés.
Nous transformerons Proximus. Nous ferons de cette société de capital privé axée sur le profit une entreprise communautaire moderne axée sur la fourniture du meilleur service aux prix les plus bas. Une entreprise gérée de manière transparente et démocratique, sans salaires mirobolants pour les PDG, sans salaires de misère pour les salariés et sans dumping social sur les chantiers. Nous investirons pour que le déploiement de la fibre optique reste entre les mains du secteur public, ce qui nous permettra d'avoir notre mot à dire sur le réseau à l'avenir et d'offrir gratuitement l’accès à Internet à domicile.
L'entreprise communautaire moderne possédera également une culture démocratique moderne, avec un conseil d'administration plus restreint et des sièges permanents pour les représentants syndicaux. L'internalisation deviendra la norme. Nous ramènerons les call-centers en Belgique et garantirons des emplois correctement rémunérés.
L'investissement dans un nouveau réseau et dans l'infrastructure mobile offrira des emplois décents et stables à des milliers de personnes. C'est pourquoi, avec Proximus, nous formerons des gens dans une Fiber Academy pour effectuer ce travail important. Ils seront engagés par l’entreprise elle-même pour déployer et entretenir le réseau. Les sous-traitants devront remplir les mêmes conditions que les propres agents de réseau de Proximus.
Grâce à cet acteur public des télécommunications, nous pourrons également contrôler et réguler les tarifs des télécommunications mobiles en introduisant des tarifs maximums pour les aligner sur ceux des pays voisins.
Enfin, cet acteur public des télécommunications déploiera également l'Internet mobile du futur là où cela s'avère judicieux. Nous mettrons fin au gaspillage d'énergie et de matériaux qu'entraînent les réseaux concurrents et construirons, sous l'égide de Proximus et là où il est nécessaire, un seul réseau 5G ouvert et disponible pour tous les abonnements.
Enfin, nous inclurons également le droit à l'accès à Internet dans la Constitution, comme l'a proposé le Réseau belge des médiateurs.
Deux. Influencer sans publicité : encourager les personnes créatives et veiller à ce que tout le monde grimpe dans le même train du numérique
- Nous créons un fonds pour les médias numériques permettant aux jeunes créateurs de développer leur contenu sans dépendre de la publicité et sans être influencés par des entreprises commerciales.
- Nous renforçons la solidarité dans le secteur culturel, avec une taxe sur les grandes entreprises de technologie, et nous refinançons les médias nationaux.
- Nous incitons les développeurs à mettre au point de nouvelles technologies qui apportent des solutions aux défis sociaux.
- Nous posons les bases de nouveaux médias sociaux en passant par des plateformes numériques publiques.
- Les jeunes ont la possibilité de développer leur créativité numérique, notamment grâce à une académie de gaming nationale.
- Nous veillons à ce que chacun ait accès aux technologies et puisse apprendre à les utiliser de manière adaptée.
Le monde de la technologie déborde de personnes créatives qui veulent changer les choses. Sur YouTube, Tiktok, Twitch, Instagram et de nombreux autres réseaux sociaux, une nouvelle génération bâtit une culture numérique susceptible d’ouvrir l'esprit de centaines de millions de personnes dans le monde. Avec succès. Nous regardons de plus en plus de vidéos en ligne, sur les grandes plateformes. Outre pompier ou médecin, ce dont rêvent de plus en plus les enfants aujourd’hui, c’est de devenir « YouTuber » ou « TikToker ». Partout émergent toutes sortes d'initiatives technologiques visant à résoudre les petits et grands problèmes les plus divers. Cette nouvelle génération de digital makers ose regarder le monde d'une manière complètement différente et remet en question le statu quo.
Malheureusement, les initiatives utiles manquent souvent d’un « business plan ». Ceux qui ne peuvent pas rembourser les investisseurs rapidement peuvent faire une croix sur leur projet. La logique de la concurrence rend tout simplement impossibles les solutions sociales qui ne sont pas axées sur le profit. Si votre nouvelle application est prometteuse, elle sera rachetée par un grand acteur, qui éliminera toute concurrence et empêchera toute innovation.
Les créateurs qui rendent les plateformes en ligne attrayantes se heurtent également aux limites du marché. Pour avoir de la visibilité, il faut se plier aux lois de YouTube et tenir compte de ses algorithmes. Pour percer, pas d’autre choix que de dépendre de la publicité des grandes marques. Cela signifie que vous devez inclure des publicités déguisées dans vos vidéos et adapter votre contenu aux souhaits de vos mécènes. Il n'est plus question de sortir des sentiers battus et, sous la pression des spécialistes du marketing, tous les contenus deviennent uniformes. Les digital makers sont victimes du même mécanisme qui tient l'ensemble d'Internet sous son emprise.
C’est pourquoi nous voulons renforcer les chaînes publiques et, à l’instar du Conseil national du cinéma et de l'image animée en France, nous créerons un fonds pour les médias numériques afin de donner aux créatifs la possibilité de développer des projets indépendants et originaux. Pour avoir un regard critique sur la société et pouvoir changer les choses.
La répartition des moyens se décidera par démocratie directe. Aujourd'hui, ce sont les grandes multinationales qui choisissent quels projets méritent une chance sur les réseaux sociaux. Nous donnerons ce pouvoir au peuple. Chaque année, nous organiserons une grande enquête sur ce que nous voulons voir, sur les contenus qui nous manquent et sur les personnes créatives qui méritent un coup de pouce. Les résultats de cette enquête guideront l'évaluation des projets futurs. Le jury doit refléter la société dans son ensemble ; la société civile au sens large, les travailleurs, les étudiants et les jeunes.
Nous renforcerons la solidarité dans le secteur culturel avec une taxe sur les grandes entreprises de technologie. Nous utiliserons cet argent pour le fonds créatif, mais aussi pour renforcer les chaînes nationales comme la VRT et la RTBF, qui pourront ainsi jouer un rôle de premier plan et offrir aux jeunes « digital makers » une plateforme et un soutien.
Ce qui est vrai pour le secteur de la création numérique l'est aussi pour le développement des nouvelles technologies. Les nouvelles idées sont, à l’heure actuelle, soit abandonnées par manque de moyens, soit immédiatement absorbées. Là encore, le fonds d'investissement pourra apporter son aide.
Des acteurs publics tels que les gouvernements, les villes ou les entreprises publiques, mais aussi les coopératives et les collectifs, pourront ainsi développer leurs propres solutions numériques. Le fonds d'investissement stimulera la coopération et l'ouverture et garantira un contrôle démocratique sur le code et la technologie de ces nouvelles applications. Une fois sortis de la logique du marché privé, nous pourrons libérer toute notre créativité pour relever les grands défis de notre époque. Vous seriez surpris par les solutions que proposent ces personnes créatives.
Le fonds sèmera également les graines des éventuels successeurs des grandes plateformes numériques. Dans le monde des géants du web, rien n'est éternel. Avant-hier, Facebook régnait en maître sur le net, hier c'était Instagram et, aujourd'hui, c’est TikTok qui connaît la plus forte croissance. Grâce au fonds, la prochaine plateforme pourra être un réseau social ouvert, géré publiquement et de manière transparente, où la vie privée sera protégée et où l'interaction sociale primera sur les messages publicitaires.
La créativité numérique ne se limite pas à Internet. Nous travaillerons à l'avènement d'une société technologique. À l'école, nous donnerons aux jeunes l'espace nécessaire pour développer leur créativité dans le domaine de la technologie et nous créerons une « gaming-academy » nationale qui repérera les nouveaux talents et donnera aux jeunes l'occasion de créer de nouveaux jeux.
Le reste de la société a également le droit d'être à jour sur les dernières technologies. C'est pourquoi nous organiserons des cours accessibles à tous et pour tous les niveaux dans des centres d'information et de formation numériques. De cette manière, tous ceux qui le souhaitent pourront profiter un maximum de la numérisation.
Trois. Renforcer la démocratie par le numérique
- Grâce à une plateforme numérique démocratique, les citoyens peuvent faire des propositions, en discuter et trouver un soutien pour inscrire certains points à l'ordre du jour du Parlement.
- Nous garantissons la participation et la consultation des acteurs numériques et analogiques dans toutes les décisions importantes.
- Nous donnons aux citoyens un accès numérique facile à toutes les décisions gouvernementales. Toutes les autorités ouvrent leurs données aux initiatives non commerciales et au journalisme d'investigation basé sur les données.
- Nous créons une boîte mail éthique permettant aux citoyens de signaler anonymement toute fraude ou tromperie.
- Nous inscrivons les principes de la neutralité du réseau et du droit à la communication cryptée dans la Constitution belge et défendons une gouvernance mondiale d’Internet par les Nations unies.
Les nouvelles technologies offrent la possibilité à la population de participer et de débattre entre deux élections. Alors que les partis traditionnels veulent limiter le débat à la rue de la Loi et les restaurants et cafés avoisinants, nous voulons susciter ces discussions partout dans le pays. Nous créerons une plateforme numérique de démocratie participative où chacun pourra faire des propositions et en débattre. Nous organiserons régulièrement des consultations citoyennes en ligne sur des questions qui préoccupent un grand nombre de citoyens. Elles seront également organisées hors ligne, dans des maisons communales, afin que tout le monde puisse y participer. Pour chaque décision importante, nous organiserons de larges enquêtes numériques et analogiques afin de maximiser le soutien à la décision et d'inclure toutes les remarques et préoccupations au préalable, au lieu de devoir procéder à des ajustements a posteriori.
Pour lutter contre la « politique en coulisses », nous utiliserons les nouvelles technologies pour ouvrir grand les portes et les fenêtres des parlements. Les décisions du gouvernement et du parlement seront rendues accessibles en affichant clairement les budgets et en ouvrant toutes les données aux organisations non commerciales. Nous encouragerons également activement le journalisme d'investigation fondé sur des données. Il s'agit d'un point important pour la démocratie. Grâce à une boîte mail éthique, nous veillerons également à ce que les citoyens puissent signaler en toute sécurité les cas de fraude ou d'escroquerie.
Internet est comme un lieu public, comme nous l'avons vu. Cela signifie que tout le monde, riche ou pauvre, doit y avoir accès et que tout le monde devrait suivre les mêmes règles de circulation. C'est ce qu'on appelle la « neutralité du réseau ». Que vous soyez en train de lire des articles critiques sur le web ou que vous scrolliez sur Facebook, tout vous parvient à la même vitesse. La même vitesse et le même tarif pour tout le monde. Toutefois, ce principe est mis sous pression. En proposant un Internet à deux vitesses, les grands fournisseurs d'accès peuvent faire plus de profits. Nous défendons un accès à l'Internet qui soit le même pour tous et inscrirons la neutralité du réseau dans la Constitution. Le droit de garder privées ses conversations est également repris dans la Constitution. Il existe de nombreuses techniques pour empêcher l’interception de nos conversations, que les autorités veulent rendre illégales parce qu'elles empêchent les services de renseignement d'espionner. Nous voulons établir fermement ce droit.
Enfin, Internet est un réseau mondial, mais une poignée d'entreprises domine son infrastructure. Nous plaidons pour que la gestion de cette infrastructure soit organisée sous la bannière des Nations unies.
Quatre. Un gouvernement accessible qui réduit la fracture numérique et garantit la confidentialité de nos données collectives
- Les nouvelles technologies dans l'administration aident tous les citoyens à avancer au lieu de compliquer les choses. Le travail des fonctionnaires est facilité par le numérique. Cela leur permet de consacrer davantage de temps aux services analogiques.
- Nous obligeons toutes les administrations à être facilement accessibles physiquement. Le personnel est formé et peut facilement trouver la réponse aux questions grâce à des applications.
- Nous créons une agence numérique fédérale pour soutenir les autorités locales, régionales et fédérales dans la transition numérique et pour développer des logiciels qui peuvent les aider.
- Au gouvernement, nous généralisons l'utilisation de systèmes et de logiciels informatiques en open source, y compris tous les logiciels qui sont donc disponibles à tous.
- Seules les technologies fondées sur le principe de « privacy by design » (protection de la vie privée dès la conception), les logiciels open source, l'architecture ouverte et les données ouvertes sont autorisées à collecter des données dans les lieux publics.
- Nous réglementons la manière dont toutes les multinationales de technologie collectent nos données afin de garantir le respect de la vie privée et la sécurité.
La numérisation peut rendre l'administration publique plus efficace et libérer du temps. Nous utiliserons ce temps pour aider les gens et surmonter les obstacles. Le gouvernement n’utilisera plus la numérisation comme excuse pour rendre les services plus difficiles d'accès ou pour réduire les emplois. Avec les nouvelles technologies, nous mettrons l'accessibilité au cœur de nos administrations, en diversifiant les contacts avec les citoyens et en veillant à ce qu'ils fournissent des services de qualité identique en ligne ou hors ligne. Nous ne laisserons personne sur la touche.
C’est essentiel, car des études montrent qu'en Belgique, 46 % des personnes entre 16 et 74 ans sont exposées à des « vulnérabilités numériques ». Et c'est sans compter les personnes âgées de notre société. Parmi elles, on estime que 76 % ne sont pas toujours à l'aise avec les technologies numériques les plus récentes. C'est pourquoi nous voulons que le digital soit utilisé pour renforcer et non remplacer les services administratifs, ce qui est malheureusement souvent le cas ces temps-ci. La ville d'Anvers a procédé à une réorganisation à grande échelle des guichets communaux. Les gens ont dû se débrouiller avec des « guichets en libre-service ». « Les services de la ville sont un travail humain, pas un travail informatique », revendique Mie Branders, conseillère communale PTB. Françoise De Smedt, cheffe de groupe PTB au Parlement bruxellois, a protesté contre le projet « Bruxelles numérique », qui prévoit la suppression progressive des guichets physiques. Mais les services fédéraux et fiscaux doivent rester accessibles. La crise du Covid-19 a été l'occasion de passer en douce à un mode d’assistance exclusivement téléphonique, ce qui complique inutilement la vie de nombreuses personnes.
C’est pourquoi nous obligerons toutes les administrations à être facilement accessibles physiquement. Nous formerons les employés et les aiderons à utiliser la technologie pour trouver des réponses appropriées aux questions qui leurs sont posées. La priorité est d'aider les citoyens.
À l’heure actuelle, par souci de faire des économies, la numérisation de l'administration est mise sous pression et est devenue synonyme d'aggravation de la fracture numérique ainsi que de démantèlement des services publics. Le gouvernement flamand a même lancé l'initiative « Commune sans maison communale », faisant de ce démantèlement sa politique. Nous y mettrons un terme.
La transformation numérique de notre société va trop vite pour beaucoup de gens. Elle est unilatérale. Dans la course aux économies, on ne se demande pas si tout le monde est d'accord. Cela doit changer. Nous avons déjà décrit plus haut comment les nouvelles technologies devraient principalement renforcer les services publics. Mais nous voulons aussi prendre des initiatives au niveau local pour permettre à ceux qui le souhaitent de monter à bord du train numérique. Nous ouvrirons également une ligne téléphonique où toute personne ayant des questions sur l'administration numérique pourra s'adresser et être aidée à son rythme.
Nous voulons un gouvernement du 21e siècle à la pointe du numérique. Grâce à la technologie numérique, il est possible de simplifier beaucoup de choses et de les rendre plus transparentes. Mais aujourd'hui, la stratégie du gouvernement est définie par des consultants externes coûteux qui n'apportent souvent que des demi-solutions et font en sorte que nous devenions encore plus dépendants des entreprises des géants du web.
Étant donné que les différents niveaux de gouvernement et les différentes communes et villes sont confrontés à des défis similaires en matière de numérisation, nous mettrons en place une agence fédérale du numérique afin de guider et de soutenir cette transformation. Elle pourra encourager divers partenariats mais aussi développer ses propres solutions. Les nouvelles applications développées dans le cadre d'une administration seront gérées en open source afin de permettre à d’autres administrations de les utiliser également. De cette manière, la transformation numérique sera plus rapide, moins coûteuse et, parce que nous mènerons cette transformation nous-mêmes, nous resterons propriétaires des logiciels et des données.
Tout ce que nous faisons en ligne est enregistré : les vidéos YouTube que nous aimons, le temps que nous passons sur TikTok, les termes de recherche que nous avons entrés dans Google, les produits que nous avons achetés en ligne sur Bol.com ou Amazon et les photos que nous avons publiées sur Facebook. Ces données numériques, également appelées « data », sont collectées en masse car elles sont précieuses pour les entreprises, qui peuvent ainsi nous proposer des publicités ciblées. C'est pourquoi ces données, nos données, sont échangées à l'échelle mondiale entre diverses entreprises pour des milliards de dollars.
Les géants de la technologie font tout ce qu'ils peuvent pour collecter autant de données que possible sur nous. Ils peuvent donc en toute quiétude accéder à nos informations personnelles et ils sont à peine réglementés par nos gouvernements au niveau fédéral, régional ou européen. Ainsi, ils ont le champ libre, grossissent et s'emparent de tous les secteurs d'avenir qui peuvent façonner notre économie et notre société.
Cela doit changer. Nous amènerons les géants du web étasuniens et chinois à rentrer dans le rang. Nous étudierons comment utiliser une entreprise publique de données pour garder nos données sous notre propre contrôle et surveiller les informations collectées. Les entreprises devront déclarer clairement quelles informations elles conservent et pourquoi. Dans tous les cas, nous n'autoriserons la collecte de données dans le domaine public qu'avec des appareils conçus selon le principe de « privacy by design » (c’est-à-dire assurant la protection de la vie privée par principe de base, dès la conception de l’appareil), avec un code open source et dont les données seront ouvertes.
Nous garantirons ainsi la sécurité de nos données, contrairement au gouvernement actuel, qui continue à couvrir des personnes qui utilisent l'informatique gouvernementale principalement pour leurs propres intérêts et qui travaillent dans l'ombre. Le député PTB Nabil Boukili a révélé l'existence de ces réseaux.
Cinq. Le travail à l'ère du numérique
- Nous associons l'augmentation de la productivité par l'automatisation à une réduction générale du temps de travail.
- Tous les travailleurs ont le droit de ne pas être joignables en dehors de leurs heures de travail. Nous facilitons le contrôle et la notification des violations à ce droit.
- Si le travail le permet, les travailleurs ont la possibilité de faire du télétravail partiel. Toutefois, cela ne doit pas devenir une obligation.
- Nous garantissons le droit à des formations pour les travailleurs confrontés à de nouvelles technologies dans le cadre de leur travail. Ces formations sont payées par l'employeur.
- Les travailleurs ont un droit de veto sur la mise en œuvre de nouvelles technologies sur leur lieu de travail ou de nouvelles règles concernant le télétravail et les périodes de repos.
- Nous soutenons les revendications des syndicats pour avoir une concertation sociale avant toute mise en œuvre de nouvelles technologies, et pour élargir la CCT 39 pour avoir plus de poids.
- Nous soutenons les revendications des syndicats selon lesquelles les nouvelles technologies ne doivent jamais empêcher ou compliquer le travail syndical. Tous les travailleurs et leurs organisations doivent avoir accès aux données collectées à leur sujet et à la manière dont elles sont utilisées.
- Les travailleurs de plateformes sont des salariés et non des indépendants. Comme tous les salariés, ils ont droit à la sécurité sociale et au salaire minimum.
Le numérique a également un impact croissant sur le monde du travail. Nous vivons une nouvelle révolution industrielle. Les machines peuvent communiquer entre elles, la robotisation est omniprésente avec les imprimantes 3D et la production sur mesure. Nous voyons se dessiner les contours « d’usines intelligentes » de la « quatrième vague industrielle ». Les nouvelles technologies du web créent des réseaux dynamiques qui optimisent les coûts, les matières premières et la consommation d'énergie. On parle de « l’Internet des objets »: des appareils qui échangent des informations grâce à des puces intégrées.
L'industrie 4.0 permet de répondre aux exigences des clients à la vitesse de l'éclair et d'organiser plus efficacement les réseaux logistiques et énergétiques. Mais pour les travailleurs, pour qui l'industrie 4.0 aurait pu être une source d'émancipation, elle ressemble plutôt à une exploitation 4.0, avec une flexibilisation du temps de travail, une intensification du travail, des emplois extrêmement polyvalents et des suppressions d'emplois. Il est trop tôt pour estimer exactement l'impact qu'aura cette quatrième révolution industrielle. À travers toute l’Europe, des millions d'emplois sont en jeu. Cela ressemble à une course contre la machine.
Pourtant, cela ne doit pas forcément être le cas. L'avenir du travail à l'ère des robots dépendra entièrement des choix que nous ferons. La technologie peut libérer du temps et ainsi nous permettre de réduire les heures de travail. Nous veillerons à ce que l'industrie 4.0 soit la clé d'un avenir où nous devrons travailler moins. Nous réduirons le temps de travail dans la mesure où l'automatisation augmente la productivité. « Plus de temps libre, moins de pression », voilà ce que veulent les gens aujourd’hui. La semaine de 30 heures est également de plus en plus à l'ordre du jour du mouvement des femmes et des syndicats. Nous utiliserons l'innovation technologique pour créer un nouvel équilibre social. Les emplois du futur devront être supportables. C’est pourquoi nous prévoirons des formations, garantirons la sécurité de l'emploi, protégerons la santé des travailleurs, et insisterons sur l’importance de l'ergonomie au travail.
Nous instaurerons également de nouveaux droits essentiels à l'ère du numérique. Ainsi, les travailleurs auront toujours le droit d'être injoignables en dehors de leurs heures de travail. Nous veillerons également à ce que toute violation de cette règle puisse être facilement signalée et de manière anonyme. Si le travail le permet, les travailleurs pourront également demander à faire du télétravail partiel. Toutefois, cela ne devra jamais devenir une obligation.
Nous garantirons le droit à la formation pour les travailleurs. Ces formations seront à la charge de l’employeur. Nous soutenons les revendications des syndicats pour mettre en œuvre le mécanisme de la convention collective n°39 concernant les conséquences sociales de l'introduction des nouvelles technologies. Nous voulons qu’il devienne un véritable levier pour la transformation numérique, dans l'intérêt des travailleurs.
Les travailleurs et les syndicats auront le droit d'analyser toutes les données collectées à leur sujet et sur leur travail, et de savoir comment ces données sont utilisées. Toute forme de collecte de données devra être justifiée et son utilisation expliquée clairement. Si son utilité ne peut être démontrée, aucune donnée ne pourra plus être collectée. Le respect de la vie privée, y compris en ce qui concerne les données collectées sur le lieu de travail, devra toujours être garanti et les nouvelles technologies ou législations ne devront jamais être utilisées pour rendre le travail des syndicats plus difficile.
Des plateformes comme Uber et Ring Twice (anciennement appelée ListMinut, une plateforme permettant de trouver quelqu'un pour effectuer un travail à votre place) peuvent offrir des services moins chers, mais ne respectent pas les règles minimales en matière de conditions de travail. Il suffit d’un « clic » sur la plateforme pour « désactiver » les travailleurs. En outre, les plombiers au salaire horaire de 5 euros sur Ring Twice ont mis la pression sur tous les plombiers du pays.
Le gouvernement chouchoute les géants des plateformes. Leurs travailleurs ne doivent pas payer un seul euro d'impôt ou de cotisation sociale pour la première tranche de leur salaire. Et ce, chaque année.
Nous transformerons les faux contrats d'indépendants en contrats de travail salarié. En réponse à la lutte des livreurs à vélo de Deliveroo, le SPF Emploi a jugé que les contrats d'indépendants « devaient être considérés comme une relation de travail impliquant un travail salarié ». Ils devraient donc avoir les mêmes droits que les travailleurs salariés : une convention collective, un salaire minimum, la sécurité sociale... même lorsqu'il s'agit de missions fragmentées ou de courte durée. Nous démocratiserons les plateformes. Nous voulons modifier la loi pour permettre aux travailleurs de ces plateformes d’élire leurs représentants dans le cadre d'élections sociales.
Six. Une technologie au service des gens, et non du profit
- Nous développons une application permettant d'utiliser les transports publics, les taxis publics, les voitures partagées et la micromobilité publique à travers tout le pays.
- Nous réglementons les marchés numériques de location de logements privés et fixons des quotas maximums pour des plateformes comme Airbnb.
- Nous utilisons la chaleur générée par les centres de données pour alimenter des réseaux de chauffage urbain.
- Nous réduisons l'impact des nouvelles technologies sur le climat en interdisant l'obsolescence programmée et en introduisant le droit à la réparation.
Quand on sort de la logique du profit, on peut faire beaucoup de choses avec la technologie. La créativité numérique est infinie. En voici quelques exemples.
Nous pouvons très bien développer une application qui permette de prendre tous les transports publics en Belgique. Ainsi, la multimodalité deviendra possible et facile. En d'autres termes, vous effectuerez une partie de votre trajet avec une trottinette partagée, vous prendrez ensuite un tram, puis un train, et vous terminerez dans une voiture partagée qui vous attendra à la gare. L’utilisation de l’application par des millions de personnes nous fournira une vue d'ensemble très précise et respectueuse de la vie privée, des mouvements et des correspondances possibles. De cette manière, nous pourrons optimiser considérablement les transports publics.
Enfin, nous réglementerons les marchés en ligne. Tout comme la ville de Barcelone impose des quotas maximums à AirBnB, nous prendrons également des mesures pour que les plateformes de partage servent à partager, et non à générer du profit. On pourra par exemple s'inspirer de FairBnb, qui montre qu'il est possible de mettre en place des plateformes sans but lucratif. Nous soutiendrons la création de ces plateformes grâce au fonds créatif que nous avons décrit précédemment.
Internet consomme beaucoup d'énergie. Les centres de données produisent également beaucoup de chaleur. Nous récupérerons cette chaleur grâce aux réseaux de chauffage urbain. Enfin, nous lutterons contre l'obsolescence programmée. Vous connaissez le refrain : être obligé de jeter un téléphone portable qui ne peut plus être mis à jour alors qu'il fonctionne encore parfaitement ou bien devoir se débarrasser d’un appareil entier parce qu’un de ses composants ne peut être remplacé. En mettant le code en open source, nous pourrons contrôler les parties du code programmées pour ralentir la technologie. Nous obligerons les fabricants à fournir des pièces de rechange à des prix raisonnables afin de garantir le droit à la réparation.