La santé est un droit, pas une marchandise

La santé n'est pas une marchandise, mais un droit fondamental pour tous. Nous investissons dans un système public de soins de santé de haute qualité, à la mesure des gens. C'est pourquoi nous éliminons les longs délais d'attente et les factures élevées dans tout le secteur des soins de santé : chez les généralistes, les kinés, les psychologues ou les autres spécialistes. Nous brisons le pouvoir des Big Pharma et renforçons l'unité et la solidarité dans les soins de santé. Ces derniers ne peuvent exister sans le personnel soignant, c'est pourquoi nous valorisons les héros des soins.

Avec la crise du coronavirus, le secteur des soins de santé a été soumis à un stress-test énorme. Résultat : le gouvernement a échoué à cet examen. La pandémie a mis en lumière des goulets d'étranglement et points noirs qui s'accumulaient depuis des années. Au lieu de s'attaquer à ces problèmes, le gouvernement Vivaldi du Premier ministre De Croo (Open Vld) et du ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) les a laissés s'envenimer, avec toutes les conséquences que cela implique : temps d'attente interminables, factures impayables pour beaucoup de gens, personnel soignant exténué et patients qui ne voient plus d’issue. Mais alors que les patients et le personnel ont vu leurs soucis s’accumuler, la crise a aussi fait des gagnants. En effet, l'industrie pharmaceutique engrange du profit comme jamais auparavant.
Les soins de santé sont en crise. Nous sommes à un moment charnière où nous devons choisir entre deux visions possibles, diamétralement opposées. Nous pouvons suivre les politiciens traditionnels dans la voie qu'ils empruntent depuis des décennies : continuer à épargner sur la sécurité sociale jusqu’à la tuer et laisser le secteur privé prendre le relais. Ou bien nous choisissons de changer de cap. Nous choisissons la voie de l'unité et de la solidarité. Une société où la santé est un droit. Cela signifie que le gouvernement doit en faire une priorité. Les besoins des patients et le bien-être du personnel doivent primer sur la chasse au profit des multinationales.

Ce que nous voulons

Un. Plus de personnel pour les soins, plus de qualité pour les patients, moins de temps d'attente

  • D'ici à 2030, nous voulons 15 000 infirmiers et infirmières supplémentaires. Pour cela, nous rendons le travail dans les soins de santé plus attrayant.
  • Nous multiplions par quatre le Fonds Blouses blanches et investissons dans de meilleurs salaires et conditions de travail, comme des horaires fixes et des formations suffisantes.
  • Dans les hôpitaux, nous limitons le nombre de patients par infirmière à huit. C'est le maximum pour garantir des soins de qualité et que le personnel tire satisfaction de son travail.
  • Nous avons besoin de plus de généralistes mais aussi de dermatologues et de psychiatres. C'est pourquoi nous supprimons le système limitant des quotas.
  • Nous supprimons toute paperasse superflue. Les prestataires de soins de santé doivent pouvoir s’occuper au maximum de leurs patients.

Tous les services des hôpitaux souffrent d'un manque criant de personnel. Les médecins généralistes sont surchargés. En conséquence, le personnel de santé est épuisé et les patients sont confrontés à de longs délais d'attente.

Un rendez-vous chez le généraliste, une visite de contrôle chez le dentiste, une consultation chez un ou une psychologue ou encore une orientation vers un spécialiste : partout les listes d'attente sont énormes. Des jours, des semaines, des mois peuvent s'écouler avant qu’on soit enfin reçu. Certains prestataires de soins de santé doivent même refuser des patients. Jessie, habitant le Limbourg, cherchait un dentiste. Mais après avoir essuyé le refus de 38 dentistes, il ne lui restait plus qu'à traverser la frontière pour se faire soigner aux Pays-Bas. Comment une telle chose est-elle possible ?

Malgré la grave pénurie qui sévit dans tout le pays, tous les gouvernements confondus continuent de limiter le nombre de médecins et de dentistes par des examens d'entrée. De la sorte, c’est le gouvernement qui organise cette pénurie. Par conséquent, 3 communes flamandes sur 4 manquent de médecins généralistes, tandis qu'en Wallonie, c'est environ 1 sur 2. Ce système doit être changé.

Les hôpitaux sont contraints de réduire le nombre de lits en raison d'un grave manque de personnel infirmier (19 000 ont déjà quitté la profession). Cela n’a rien d’étonnant : le travail est extrêmement lourd et difficilement compatible avec une vie privée. Le salaire est maigre par rapport à la charge de travail, à la flexibilité et aux responsabilités attendues du personnel. Et ils devraient tenir le coup jusqu'à 67 ans ? Il n'est pas étonnant que le personnel de santé compte deux fois plus de malades de longue durée que le reste de la population.

Au lieu de s'attaquer au problème, le ministre Vandenbroucke (Vooruit) a choisi de rajouter de l'huile sur le feu. Il a eu recours à des emplois flexibles, à des étudiants et même à des pensionnés pour combler les lacunes en matière de soins. Sous son autorité, les intérimaires se sont multipliés dans le secteur des soins de santé, ce qui n'a fait qu'accroître la division et la précarité. Au lieu de résoudre les problèmes, il a aggravé la crise.

Les patients ne sont pas des numéros et les soignants ne sont pas des machines. Nous voulons faire du travail de soins un travail à la mesure d’un être humain. Cela ne sera possible qu'en luttant pour des investissements massifs destinés aux héros des soins de santé. Ainsi, en 2019, avec le PTB, le personnel de santé a remporté une victoire éclatante avec l’obtention du Fonds Blouses blanches. Grâce à ce budget supplémentaire de 400 millions d'euros, 5000 infirmiers et infirmières ont été recrutés. Mais il en faut encore bien plus. Pour sauver les soins de santé, il faudrait encore 15 000 infirmiers supplémentaires.

Deux. Aller chez son médecin généraliste sans argent. Aussi chez le dentiste et le kinésithérapeute

  • Tout le monde devrait pouvoir consulter un médecin généraliste, même sans argent en poche. C'est ce que nous faisons depuis 50 ans dans nos maisons médicales de Médecine pour le Peuple. Pour cela, nous généralisons le système du tiers payant et supprimons le ticket modérateur.
  • Dans l'ensemble des soins de première ligne, à commencer par le dentiste et le kinésithérapeute, l'accès doit être payable pour tous. Nous généralisons le système du tiers payant dans ces disciplines.
  • D'ici 2030, nous voulons qu'un Belge sur quatre soit inscrit dans le modèle forfaitaire des centres de santé de quartier.

Depuis 50 ans, 25 000 patients ont pu aller consulter un médecin dans les 11 maisons médicales de Médecine pour le Peuple, sans argent en poche. Ces maisons médicales ont été créées à l'initiative de médecins du PTB avec une vision claire : les patients doivent recevoir des soins gratuits parce que la santé est un droit, et non un but de profit pour les médecins. Aujourd'hui, les maisons médicales constituent un exemple à poursuivre et à développer. « Médecine pour le Peuple était en avance sur son temps », a constaté l'Ordre des médecins.

Les maisons médicales de Médecine pour le Peuple sont financées sur une base forfaitaire. Cela signifie qu'elles reçoivent des mutualités un montant fixe par patient inscrit et donc pas par consultation. Les patients ne doivent plus apporter leur propre argent à la consultation. Médecine pour le Peuple n'est pas la seule initiative de ce type. Des maisons médicales de quartier fonctionnant au forfait existent dans tout le pays. Dans ces centres, des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux et d'autres prestataires de soins de santé travaillent ensemble. Des études montrent qu'ils obtiennent également de meilleurs résultats en matière de prévention et d'orientation vers un spécialiste. Pendant des années, les inscriptions dans les maisons médicales au forfait ont augmenté, jusqu'à ce que l'ancienne ministre de la Santé Maggie De Block (Open Vld) déclare la guerre à cette vision sociale de la médecine. Elle a décidé de faire des économies dans ce domaine et de ne pas reconnaître de nouvelles maisons médicales de quartier. Bien que cette interdiction appartienne désormais au passé, le ministre Vandenbroucke (Vooruit) n'a pas fait grand-chose pour encourager la création de nouvelles maisons médicales. Entre 2019 et début 2022, le nombre de patients dans le modèle forfaitaire a à peine augmenté, passant de 454 000 à 533 000. Nous voulons changer de cap et soutenir activement l'expansion des maisons médicales forfaitaires. Ainsi, d'ici 2030, nous voulons offrir à 1 Belge sur 4, soit au moins 2 millions de patients, la possibilité de s'inscrire dans ce modèle forfaitaire.

Il faut davantage de maisons médicales comme celles de Médecine pour le Peuple. Parce que les soins sont toujours hors de prix en Belgique. Nous payons deux fois plus pour nos soins de santé que nos voisins français. Par conséquent, nous rencontrons de nombreuses difficultés pour combiner nos frais médicaux avec d'autres dépenses nécessaires comme le loyer et la nourriture. Dans un pays riche comme la Belgique, c'est inacceptable. La conséquence de ce coût élevé est un très large écart en matière de soins de santé : la qualité de votre santé dépend de l'argent dont vous disposez. Selon l'OCDE, parmi tous les pays d'Europe occidentale, c’est en Belgique que cet écart en matière de soins est le plus important.

Les médecins généralistes, les dentistes et les kinésithérapeutes sont les premiers interlocuteurs en cas de problèmes de santé. C'est pourquoi ces disciplines sont appelées la « première ligne ». Si les patients reportent une visite nécessaire à cette première ligne jusqu'à ce que leur prochain salaire soit versé, tout est retardé et les problèmes ne font que s'aggraver. En 2019, le PTB a donc déposé une proposition de loi pour qu'il soit possible d'aller chez le généraliste, le dentiste et le kinésithérapeute sans argent en poche. Pour ce faire, nous généraliserons le système du tiers payant et supprimerons le ticket modérateur. Nous pouvons également appliquer le système du tiers payant pour les logopèdes et les psychologues. Ces propositions ont été soutenues par le Réseau de lutte contre la pauvreté, le Gezinsbond et la Plateforme flamande des patients. Pourtant, en 2023, tous les partis traditionnels ont voté contre cette proposition. Le PTB veut continuer à faire de cette lutte une priorité.

Trois. Pas de système à deux vitesses dans nos hôpitaux

  • Nous supprimons les suppléments d'honoraires pour les chambres individuelles. Nous évitons ainsi les mauvaises surprises sur la facture après une hospitalisation.
  • Tous les médecins appliquent les tarifs conventionnés. De la sorte, nous garantissons les mêmes soins pour tous.
  • Nous payons à tous les spécialistes un revenu fixe, comme c'est le cas pour les professeurs d'université. Les rémunérer à la prestation, c’est désormais du passé.
  • L'argent ainsi libéré est utilisé pour engager davantage de personnel et améliorer les conditions de travail.
  • Nous optons pour un financement public solide des soins de santé. Les frais d'hospitalisation sont remboursés par l'assurance maladie, et non par des assureurs privés. La chasse au profit, la spéculation et la privatisation n'ont pas leur place dans les soins de santé.

De nos jours, on réfléchit à deux fois avant une hospitalisation. Être malade n'est vraiment pas drôle, mais la facture qui s'ensuit n'a pas non plus de quoi faire sourire. Pour de nombreuses spécialisations, trouver un médecin appliquant les tarifs de la convention médico-mutualiste s’apparente à chercher une aiguille dans une botte de foin. Pour une intervention chirurgicale, le coût des suppléments en chambre individuelle crève tous les plafonds. En raison d'années de coupes budgétaires, tous les hôpitaux sont aujourd'hui dans le rouge. Les suppléments dans les chambres individuelles compensent ce déficit dans le budget. Il s'agit d'un règlement discutable qui donne l’image peu agréable d'une médecine à deux vitesses. Pourquoi faut-il payer plus pour un médecin lorsqu'on prend une chambre plus chère ? Le type de chambre rendrait-il le médecin plus compétent pour autant ?

Dans un flot de belles paroles, le ministre Vandenbroucke avait promis une réforme en profondeur des hôpitaux, mais il n’en est pas sorti grand-chose. Il n'a pas osé nommer les vrais problèmes. La médecine à la prestation est omniprésente. Les médecins sont toujours payés à la prestation. Chaque opération du genou, gastroscopie ou CT-scan augmente leurs revenus. Ce qui incite évidemment les médecins à faire faire à leurs patients de nombreux examens et scanners, et ce, même si ce n'est pas toujours nécessaire. Le paiement à la prestation entraîne donc une surconsommation des soins de santé.

Nous proposons de verser à tous les spécialistes un salaire fixe au lieu d'une rémunération à la prestation. C'est déjà le cas pour les professeurs des hôpitaux universitaires. Avec un salaire fixe, le médecin pourra se concentrer sur ce qui est bon pour le patient. En fin de compte, c'est ce que veulent les médecins eux-mêmes. Mais avec le financement tel qu'il est, les préoccupations financières sont toujours présentes. En les supprimant, nous créerons beaucoup plus d'espace et d'énergie pour les soins.

Il en va des soins de santé comme des transports publics : en raison du sous-financement, la qualité diminue et ensuite... les partis traditionnels viennent clamer que tout irait mieux en privatisant. Comme les politiques réduisent de plus en plus les remboursements des caisses d'assurance maladie, de plus en plus de patients se sentent contraints de souscrire une assurance hospitalisation complémentaire. Or on sait où mène la prise en charge des soins par le secteur privé. Dans le cadre de ces assurances privées, le montant de la prime est déterminé en fonction de l'âge et de l'état de santé. Les malades et les personnes âgées doivent payer davantage ou ne sont même pas éligibles. Comme si cela ne suffisait pas, en période de crise du pouvoir d'achat, ces assurances privées sont devenues d’un coup beaucoup plus chères. En veut-on encore davantage dans ce système ? Non merci. Ce sont là des situations à l’américaine dont même les États-Unis n’ont plus envie.

Nous voulons un service de santé public fort. En Belgique, avec notre sécurité sociale, nous avons un atout. Ce qui n'était au départ que des caisses de secours pour les ouvriers est devenu un véritable modèle de soins de santé solidaire avec des mutuelles solides. Cela nous permet de garantir l'égalité d'accès aux soins pour tous.

Quatre. Un seul ministre de la Santé, 100 districts de santé pour des soins primaires efficaces

  • Un seul ministre de la Santé suffit. Neuf différents ministres de la Santé ne font que créer confusion et gaspillage. Nous optons pour un seul poste de commandement dans les soins de santé.
  • Les districts de santé ont la responsabilité des soins de santé locaux à raison d’un district pour 100 000 habitants. Chaque district veille à ce que toutes les disciplines de base y soient suffisamment présentes et travaillent en coopération.
  • Dans chaque district, nous encourageons le développement de centres de soins de première ligne avec infirmiers, assistants, kinés, psychologues...
  • Nous inversons la tendance à la fermeture des hôpitaux locaux. Les soins hospitaliers de base, tels que l'accouchement ou la chirurgie de jour, doivent être facilement accessibles à tous les patients.
  • Les soins plus spécialisés sont centralisés dans un nombre limité de grands hôpitaux par province.
  • Nous donnons des ressources aux hôpitaux en fonction de la population dont ils ont la charge, y compris pour s'engager dans la prévention et la coopération avec d'autres prestataires de soins de santé extérieurs à l'hôpital.
  • Nous renforçons le rôle des mutuelles et des syndicats. La participation des représentants des patients et du personnel est essentielle au développement des districts de santé locaux.

Les problèmes de notre système de santé ne sont pas seulement dus à un manque de moyens. Ils sont également la conséquence de l'organisation libérale du système. Médecins généralistes, kinésithérapeutes, infirmières à domicile, psychologues... chacun travaille dans son coin. Seul compte le nombre de prestations. Les hôpitaux sont en concurrence les uns avec les autres pour attirer les patients. En conséquence, la coopération en matière de soins est insuffisante et la prévention est négligée. La crise du coronavirus l'a une fois de plus montré. Alors que tout le monde est confronté à la pénurie de médecins et d'infirmières, il devient douloureusement évident que le gouvernement manque totalement de vision quant au volume de personnel dont nous avons réellement besoin pour répondre aux besoins de notre population.

La plupart des médecins, des infirmier.e.s et des autres prestataires de soins de santé ne demandent qu'à travailler davantage ensemble et à s'engager dans la prévention. Mais ce sont les implications financières et pratiques de notre modèle libéral qui rendent cela si difficile. Le secteur a besoin d'un véritable « reset » (réinitialisation), pas d'un bricolage à la marge. Nous voulons repenser les fondements du système. L'Organisation mondiale de la santé recommande aux pays de diviser l'organisation de leurs services de santé en « districts de santé » locaux, des zones de 100 000 habitants où les gouvernements veillent à ce que tous les services de santé de base soient en place et travaillent en collaboration. De la pharmacie du coin à l'hôpital, du psychologue à la maison de repos. En Flandre, les zones de première ligne se basent en partie sur cette vision, mais leur rôle est trop limité.

L'un des problèmes importants auxquels ces districts peuvent s'attaquer est la pénurie de médecins généralistes. Aujourd'hui, le ministre Vandenbroucke n'est même pas en capacité de dire combien de médecins généralistes travaillent dans notre pays. On navigue à l'aveugle. Avec l'aide des districts sanitaires, nous voulons mettre en place un cadastre dynamique qui indique en détail, sur une base annuelle, le nombre de médecins généralistes et d'autres médecins actifs dont nous disposons et le nombre de ceux dont nous avons besoin.

Chaque district sanitaire devrait également disposer des soins hospitaliers de base nécessaires. Aujourd'hui, nous assistons de plus en plus au mouvement inverse. Le ministre Vandenbroucke a pleinement joué la carte de la poursuite de la concentration des soins. Il a ainsi créé des déserts en matière de soins. Des maternités ont dû fermer, tout comme des services de traitement du cancer du sein. Quant aux patients de régions plus éloignées des grands centres comme le Limbourg, le Luxembourg ou les Ardennes flamandes, ils n'ont plus qu'à passer davantage de temps en voiture. Pour améliorer les soins, la qualité doit augmenter et en même temps rester proche. Via les districts de santé, nous mettrons enfin en œuvre la réforme du financement des hôpitaux. Dans le passé, les hôpitaux étaient principalement payés en fonction des services qu'ils fournissaient et de leur nombre de jours d'hospitalisation. Aujourd'hui, le ministre veut qu'ils soient rémunérés principalement en fonction de la maladie dont souffre le patient. Mais le problème reste le même : les décisions médicales prises par les médecins sont influencées par les implications financières de cette décision. La meilleure façon de donner aux hôpitaux et à leur personnel la liberté de fournir les soins qu'ils jugent nécessaires à leurs patients est d'appliquer le même principe du modèle forfaitaire des maisons médicales de quartier : un financement basé sur la population du district dont ils sont responsables.

Pour y parvenir, nous avons besoin d'une unité dans le poste de commandement. Fini le chaos de neuf ministres de la Santé différents, comme nous l'avons connu lors de la crise du coronavirus. Une fois de plus, cette pagaille fait obstacle à l'élaboration d'une bonne politique. Prenons par exemple le cas de Stéphanie, à qui l'on a diagnostiqué un cancer du col de l'utérus incurable. Chaque année, elle allait faire un examen de contrôle, selon les recommandations. Mais en raison de la division régionale absurde des soins, elle n'a pas été contrôlée pour le virus HPV à l'origine de ce cancer.

Aujourd'hui, les partis nationalistes et le cd&v déclarent qu'ils veulent scinder le système de soins de santé. Cela n'a pourtant aucun sens. Le virus HPV à l'origine du cancer du col de l'utérus de Stéphanie ne se soucie en rien de la langue de la patiente. C'est en travaillant ensemble dans un domaine le plus large possible que nous pourrons organiser de meilleurs soins de santé. Ainsi, les 11 millions de Belges sont plus forts dans les négociations avec l'industrie pharmaceutique lorsqu'ils sont représentés par un seul ministre que lorsque deux ministres différents doivent négocier séparément pour les 6 millions de Flamands et les 4 millions de Wallons.

Derrière le programme de scission de la N-VA et du Vlaams Belang se cache un objectif clair : économiser et détruire notre sécurité sociale fédérale. C'était déjà le cas pour les parties du système des soins de santé qui sont allées aux Communautés. Lorsque la Flandre est devenue responsable des soins de santé préventifs, un manuel relatif à la lutte contre les infections dans les maisons de repos a été jeté aux oubliettes. Quand le Covid a frappé, le virus s'est propagé dans nos maisons de repos à toute vitesse, causant d'innombrables décès.

Cinq. Les médicaments ne sont pas un produit de luxe

  • Par des licences contraignantes, nous cassons les brevets des grandes sociétés pharmaceutiques lorsqu'elles demandent des prix trop élevés.
  • En utilisant le modèle Kiwi, un système de marchés publics qui a fait ses preuves en Nouvelle-Zélande, nous continuons à réduire les prix de tous les médicaments. Son montant correspond au coût de fabrication, majoré d'une marge bénéficiaire raisonnable.
  • Nous nous engageons également pour un meilleur remboursement des prothèses auditives et des lunettes. Par un appel d'offres public, leur prix est réduit de moitié.
  • Nous nous attaquons aux pénuries de médicaments. Par des sanctions, nous prenons des mesures plus sévères à l'encontre des entreprises pharmaceutiques qui arrêtent la production d'un médicament ou ne le fournissent pas en suffisance.
  • Nous voulons la transparence dans les demandes de remboursement des nouveaux médicaments. Pour fixer le prix, nous utilisons un calcul fixe et équitable basé sur leur coût.
  • Nous mettons fin aux contrats secrets entre le gouvernement et l'industrie pharmaceutique.
  • Avec un Fonds de recherche public européen (l'Institut Salk), nous plaçons la collectivité dans le poste de pilotage de la politique des médicaments. Ainsi, nous investissons dans la recherche actuellement négligée car pas assez lucrative.
  • Nous encourageons l'utilisation responsable des médicaments. Nous interdisons la publicité pour les produits médicaux, tant vers les patients que les accords passés avec les médecins.
  • Pour les médecins, nous investissons dans de meilleurs systèmes d'information sur les nouvelles études, de sorte que les prescripteurs sachent ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, contre l'influence des firmes pharmaceutiques.

Les personnes malades sont prêtes à faire beaucoup pour guérir. L'industrie pharmaceutique abuse de cela. Le prix des médicaments est ainsi beaucoup plus élevé que ce qu'il en coûte réellement pour les développer et les produire. Cela fait exploser le budget des médicaments, et le gouvernement reste les bras croisés. Il utilise des accords secrets de fixation des prix, connus sous le nom de contrats de l'article 81, pour conclure des accords avec l'industrie pharmaceutique. Ces négociations en coulisses étaient autrefois une mesure exceptionnelle. Lorsque la ministre De Block (Open Vld) était encore aux commandes, le parti Vooruit s'était vigoureusement opposé à ces accords secrets. Mais avec Frank Vandenbroucke (Vooruit) au poste de ministre de la Santé, les choses sont allées de mal en pis. Au cours de ses deux premières années en tant que ministre, Vandenbroucke a conclu 66 nouveaux accords. Aujourd'hui, pour chaque 3 euros que nous donnons aux médicaments, un euro va à un contrat secret. Sur la période 2015-2020, nous avons donc déjà dépensé 4,8 milliards d'euros pour des accords obscurs.

Il est temps de dire ce qu’il en est. Les grandes multinationales pharmaceutiques abusent de leur position dominante et de la protection de leurs brevets pour pratiquer des prix totalement excessifs. Pour le traitement de la petite Pia, Novartis a demandé 1,9 million d'euros pour une seule injection. Avec le vaccin contre le coronavirus, Pfizer et Moderna ont réalisé pas moins de 90 milliards de dollars de bénéfices en 2021 et 2022. Selon le magazine économique Forbes, les médicaments sont le secteur le plus rentable de l'économie. C'est notre système de sécurité sociale qui finance ces profits usuraires et qui, en raison de cela, manque de moyens pour le personnel des soins de santé. Cela ne peut plus durer. Sofie Merckx, députée PTB et médecin à Médecine pour le Peuple, a déposé en 2019 une proposition de loi visant à permettre l'octroi de licences contraignantes. Si l'industrie pharmaceutique pratique des prix trop élevés, le gouvernement doit intervenir. Avec une licence contraignante, nous voulons casser le brevet et permettre à un autre producteur de produire le médicament. C'est ainsi que nous mettrons fin au pharma-banditisme.

Nous pourrons également utiliser ces licences contraignantes pour lutter contre les pénuries de médicaments, un problème qui s'est fortement aggravé ces dernières années. En janvier 2023, dans nos pharmacies belges, 337 médicaments étaient indisponibles. Comment une telle chose est-elle possible ? Les problèmes d'approvisionnement après la crise du coronavirus en sont souvent la cause, mais il y a d’autres facteurs qui jouent. Les responsables politiques refusent de demander des comptes à l'industrie pharmaceutique. Celle-ci délocalise la production de composants en Inde et en Chine, refuse de conserver des stocks de réserve suffisants et cesse de vendre un produit lorsqu'il ne génère plus suffisamment de bénéfices. Il est temps que les entreprises pharmaceutiques soient sanctionnées si elles ne fournissent pas la quantité de médicaments convenue. Cette possibilité existe légalement depuis plus de 20 ans, mais le ministre Vandenbroucke refuse d'agir.

Outre l'utilisation de licences contraignantes en cas de prix excessifs pour les nouveaux médicaments, le prix des autres médicaments doit également baisser. Le modèle Kiwi, inspiré de la politique néo-zélandaise en matière de médicaments, permet d'atteindre cet objectif. Dans le modèle Kiwi, c’est le gouvernement qui est aux commandes : un comité d'experts indépendants choisit les meilleurs médicaments sur la base d'études scientifiques et lance ensuite un appel d'offres pour les médicaments sélectionnés. De cette manière, le meilleur prix est négocié. De la même manière, on peut réduire considérablement les prix des dispositifs médicaux tels que les appareils orthopédiques, les lunettes ou les prothèses auditives.

L'emprise des Big Pharma sur notre santé est immense. Il est grand temps de mettre œuvre un modèle fondamentalement différent, en plus des solutions à court terme susmentionnées. Nous voulons faire le switch. Nous proposons un Institut Salk européen qui, avec des fonds publics, pourra diriger la recherche et la production de nouveaux médicaments. Aujourd'hui, l'industrie pharmaceutique ne développe des médicaments que si elle peut en tirer de plantureux bénéfices. En conséquence, elle laisse tomber de nombreuses recherches et les patients sont laissés pour compte. Grâce à un fonds public européen de recherche, nous rassemblerons des scientifiques pour mener des recherches de pointe. Après le développement d’un médicament par ceux-ci, nous chercherons un fabricant pour le produire. Mais cela se fera dans des conditions équitables : des prix abordables, de bonnes conditions de travail, la sécurité des livraisons... et aucun brevet. C'est ainsi que nous replacerons la collectivité dans le poste de pilotage de la politique des médicaments.

Enfin, à l'instar de la Nouvelle-Zélande, une partie des recettes provenant de la baisse des prix pourra également être utilisée pour fournir davantage d'informations sur les médicaments. Un exemple dans le passé a été l’ASBL Farmaka, un centre indépendant promouvant l'utilisation responsable des médicaments. Mais Farmaka était une épine dans le pied de l’industrie pharmaceutique et a donc été dissous en 2017. Nous le remettrons sur pied.

Six. Priorité à un esprit sain

  • Parler est généralement plus efficace qu’avaler des pilules. C'est pourquoi nous investissons dans le personnel et remboursons intégralement les consultations psychologiques pour tous les âges, pour toutes les pathologies et pour toutes les séances jugées nécessaires par un psychologue.
  • Par une large sensibilisation, nous brisons le tabou qui entoure les problèmes de santé mentale.
  • Les troubles mentaux liés au travail, tels que l'épuisement professionnel (burn-out), sont reconnus comme des maladies professionnelles. Les employeurs doivent fournir un travail à la mesure des personnes, et non de robots.
  • Nous faisons appel à un large éventail de psychologues de première ligne et les intégrons là où les patients se déplacent, comme les centres d’aide sociale, les maisons médicales de quartier fonctionnant au forfait, les maisons de repos et de soins et les écoles.
  • Nous renforçons les centres de santé mentale afin d'améliorer l'accès aux thérapies spécialisées en deuxième ligne.
  • Pour les personnes souffrant de problèmes psychiatriques graves, nous donnons la priorité à l'élargissement des équipes mobiles, tant pour les situations de crise que pour les soins de suivi ou chroniques.

Se sentir en bonne santé, c'est aussi se sentir bien dans sa peau. Les difficultés psychologiques sont de plus en plus fréquentes. Stress, épuisement, insécurité, solitude... Notre société va de crise en crise et on attend de plus en plus de flexibilité de la part des gens. Mais lorsqu’ils ne se sentent pas bien, ils sont livrés à eux-mêmes. Les chiffres ne mentent pas. Un jeune sur trois risque de souffrir d'une dépression ou d'un trouble anxieux.

Le bien-être mental reste un sujet tabou. Heureusement, de plus en plus de jeunes en font un sujet de discussion. Sur les réseaux sociaux, ils partagent ce qu'ils ressentent et s'encouragent mutuellement à chercher de l'aide. Mais quand ils franchissent enfin le pas, ils se heurtent à des listes d'attente. Des listes d'attente mortellement longues. Au sens littéral. Tant pour un rendez-vous avec un psychologue que pour une prise en charge par un psychiatre, les patients doivent attendre très longtemps. En conséquence, les problèmes deviennent plus graves et plus complexes. Lors d'une émission télévisée en Flandre, une jeune personne a expliqué à la présentatrice Flo Windey qu'elle était sur une liste d'attente de trois ans pour une admission en centre de crise. « Trois ans ! » a-t-elle souligné. « Comme si on pouvait simplement reporter une crise ! »

En l'absence de soins de santé mentale accessibles, les Belges avalent énormément de pilules. Somnifères, calmants, antidépresseurs sont vendus en quantité. Plus d'un million de nos compatriotes prennent des antidépresseurs.

Les nombreuses initiatives bénévoles prouvent l'échec de la politique actuelle. En effet, dans tout le pays, des personnes s'organisent volontairement pour apporter leur aide de manière gratuite et peu coûteuse. Elles écoutent les problèmes des patients et organisent des séances de discussion, comblant ainsi le vide laissé par la politique. Mais les patients ne devraient pas dépendre de la bonne volonté des bénévoles. Il incombe au gouvernement de garantir l'accessibilité des soins.

Les problèmes de santé mentale doivent être traités le plus rapidement possible. Les soins de santé mentale doivent donc devenir non seulement moins chers, mais aussi plus accessibles. L'élimination des délais d'attente dans les soins de santé mentale doit devenir une priorité absolue du gouvernement. Par ailleurs, ces soins devraient être dispensés dans les lieux où les patients se déplacent déjà. Par exemple, les psychologues devraient pouvoir travailler dans les maisons médicales de quartier et organiser des consultations dans les bâtiments scolaires, les maisons de repos et les centres d'aide qui accueillent de nombreuses personnes vulnérables.

Sept. Mieux vaut prévenir que guérir

  • Nous augmentons le financement de la prévention. Nous faisons passer son budget de 2 à 5 % du budget national de la santé. Un quart de cette prévention concerne les enfants et les jeunes.
  • Nous voulons une maison de la prévention dans chaque commune. Dans ces maisons de la prévention locales, on connaît la région et on se concentre sur les groupes défavorisés. Les soins doivent aller vers les gens, et non l'inverse.
  • Nous misons sur la détection des maladies à un stade précoce grâce à des tests rapides et abordables.
  • Nous prévenons l'obésité et encourageons une alimentation saine et un exercice physique adéquat. Les écoles offrent gratuitement des repas sains et des fruits. Nous rendons les aliments sains moins chers.
  • Nous limitons la publicité pour les produits néfastes à la santé.

Nous ne voulons pas seulement guérir les patients, nous voulons les maintenir en bonne santé le plus longtemps possible. Autrement dit, leur fournir des soins de santé préventifs. Aujourd'hui encore, les responsables politiques les traitent comme un parent pauvre de la santé publique. Notre pays ne consacre qu'un pourcentage honteux de 2 % du budget total de la santé à la prévention. Selon les experts, le budget devrait être d'au moins 5 %. Cet investissement est immédiatement rentabilisé, car chaque euro consacré à la prévention rapporte, à terme, quatre euros à la société. C'est un investissement dans une société saine.

Notre pays dispose d'une expertise en matière de soins de santé préventifs. La recherche est extrêmement solide, de belles campagnes sont mises sur pied et du matériel est développé à cet effet. Mais sur le terrain, on manque des forces nécessaires pour mener les projets à bien. Un potentiel important est en effet perdu. Nous avons besoin d'un plus grand nombre de travailleurs de la prévention qui puissent mener ces campagnes auprès des citoyens. Nous voulons nous attaquer à ce problème au niveau local en créant des maisons de prévention partout dans le pays. Là, les soignants connaissent parfaitement leur région : ils connaissent les habitants, ont des contacts avec les écoles et clubs de sport et savent quels sont les défis à relever. Fini la pléthore de centres d'appels anonymes et les applications. Nous amènerons les soins aux gens.

Derrière les problèmes de santé majeurs que sont le surpoids et le tabagisme se cache une industrie. Chaque jour, nous sommes inondés de publicités pour des aliments malsains. Les sains « messages d'intérêt public » du gouvernement ne peuvent pas rivaliser avec elles. Nous voulons renverser la vapeur. Nous voulons utiliser l'argent que l'industrie du tabac investit dans le lobbying pour encourager le plus possible les gens à arrêter la cigarette. Pour ce faire, nous rendrons tous les programmes de sevrage tabagique gratuits.

La prévention doit inspirer et motiver les consommateurs, et non les accuser ou les punir. La vie est déjà assez chère, rendre les produits malsains encore plus chers n'est pas la solution. Nous voulons examiner non seulement la consommation, mais aussi la production. L'utilisation excessive de sucre, de graisse et de sel dans les produits doit être interdite. Nous voulons que les écoles offrent gratuitement des repas et des collations sains.