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L’heure du déconfinement du droit à l’action sociale est venue

Si le shopping et le travail sont possibles, le droit de mener des actions doit l’être aussi. Les raisons de descendre dans la rue ne manquent pas. Cela doit évidemment se faire avec les mesures de sécurité nécessaires. Mais pourquoi nos droits démocratiques sont-ils toujours confinés ?

Jeudi 4 juin 2020

Lorsque la Belgique est entrée en confinement total le 13 mars, aucune action ou manifestation n’a plus été autorisée. Depuis le 11 mai, le déconfinement a été progressif. Près d’un mois s’est écoulé depuis lors. La Première ministre Sophie Wilmès a annoncé après le Conseil national de sécurité de mercredi : « A partir du 8 juin, tout sera permis, sauf les activités qui sont explicitement exclues. »

C’est bien sûr une bonne nouvelle que les chiffres des contaminations au coronavirus évoluent dans le bon sens et que nous obtenions plus de liberté. Mais cela ne s’applique pas encore à tous les domaines... « L’interdiction de rassemblements reste toujours d’application », dit Sophie Wilmès. Donc, les événements de masse – qui posent problème pour la propagation du virus – restent exclus. Il s’agit notamment d’événements où de nombreuses personnes sont réunies pour chanter ou se défouler dans des espaces clos. Ce qui est compréhensible vu les risques de diffusion du virus. Mais cela concerne aussi les rassemblements pour revendiquer ou protester.

Bref, vous faites du shopping dans la rue Neuve ou au centre commercial de la ville la plus proche ? Pas de souci. Vous reprenez le travail parmi plein de collègues ? C’est permis. Prendre un bus rempli pour aller travailler ? Pas grave ! Mais organiser un débat ou manifester dans l’espace public en respectant la distanciation sociale et en portant un masque ? Ce n’est pas autorisé...

D’un point de vue sanitaire, le gouvernement ne voit aucun problème à l’ouverture des magasins de la rue commerçante la plus fréquentée de Bruxelles. Des services religieux et des activités sportives de 100 ou 200 personnes peuvent également avoir lieu. Mais d’un même point de vue sanitaire, il est toujours interdit de descendre dans la rue pour défendre le maintien de l’emploi, le refinancement du secteur des soins, la lutte pour le climat ou protester contre le racisme...

Pourtant, la lutte sociale est plus que jamais nécessaire

L’enjeu est énorme pour le secteur de la santé et son personnel, en ce moment. Nous l’avons vu lorsque la Première ministre s’est rendue à l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles et que tout le personnel lui a tourné le dos. Nous l’avons également constaté lors des actions menées dans d’autres hôpitaux ces derniers jours. Le personnel mène des actions contre le sous-financement qu’il subit depuis bien trop longtemps.

Et il y a d’autres bonnes raisons d’agir.

Contre le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA), qui n’a laissé aucun doute sur le fait qu’en ce qui le concerne, c’est au contribuable à payer la facture de la crise du coronavirus.

Contre l’organisation patronale FEB (Fédération des entreprises de Belgique), qui veut lutter contre la crise économique en bloquant davantage les salaires, en augmentant la flexibilité, en rendant le travail de nuit gratuit (c’est-à-dire sans prime pour le salarié) jusqu’à 24 heures, par le démantèlement de la sécurité sociale et des services publics, et en supprimant l’index et ce qui reste de la retraite anticipée.

Pour conserver nos emplois. Par exemple, chez Brussels Airlines, D’Ieteren, Torfs et Renault, nous constatons que de grandes entreprises ou des multinationales veulent supprimer des emplois afin de protéger leurs profits. Malgré le fait que dans certains cas, ils bénéficient pourtant d’aides d’État.

Les organisations patronales – FEB, Voka (en Flandre) et UWE (en Wallonie) – passent à l’attaque. Ils veulent introduire des mesures choc, avec l’aide des gouvernements, pour faire payer la crise aux travailleurs, comme en 2008. Nous ne pouvons pas l’accepter. Et le coronavirus ne peut pas servir d’excuse pour interdire aux travailleurs de mener des actions et de se faire entendre.

On peut, et on doit, mener des actions en toute sécurité

Et ces actions indispensables sont possibles dans le respect des mesures de santé publique nécessaires. Nous l’avons déjà vu lors des actions du personnel soignant, des employés de la STIB, du rassemblement à Gand en mémoire de George Floyd – citoyen américain tué par la police à cause de sa couleur de peau – ou de la manifestation des travailleurs de l’aéroport. Ces actions ont toutes été menées dans le respect des règles de distanciation sociale et avec le port du masque. D’ailleurs, quiconque a vu ces derniers jours les images des rues commerçantes animées ou de la foule de gens sur les digues à la mer, peut constater que ces lieux sont peut-être plus dangereux que toute action de protestation.

La crise du coronavirus ne doit pas servir à réduire au silence le mouvement social

Le ministre de l’Intérieur Pieter De Crem (CD&V) et le gouvernement tentent de profiter de l’occasion pour introduire une interdiction de rassemblements et d’actions de protestation. Le « shérif » De Crem a même prévenu : « La question est de savoir si on reviendra un jour à l’ancienne normalité. » C’est inadmissible. Les syndicats et le mouvement social demandent à juste titre la levée de l’interdiction de manifester. Ils refusent d’être muselés. Il est grand temps de sortir nos droits démocratiques du confinement.